Lait : la hausse des cours est-elle plus rapide que celle des intrants ?

Avec la dérégulation actuelle des marchés et des intrants, les résultats économiques en production laitière sont aujourd'hui sous pression. Les trésoreries des éleveurs en subissent les conséquences.

La hausse des intrants est sans précédent et la conjoncture de prix de vente atteint des niveaux de cotations rarement observés. C’est peu de dire que la filière laitière a de quoi perdre ses repères : le prix du lait moyen perçu en mars 2022 s’établit à 420,5 €/1 000 l et l’effet saisonnalité s’efface en raison de l’impact de la demande.

Hausse globale des prix

Dans ce contexte, les écarts entre laiteries sont de plus en plus nets. En effet, le prix du lait augmente davantage pour les producteurs livrant à des laiteries fabricant des produits de type «beurre/poudre» commercialisés sur les marchés mondiaux que pour des laiteries tournées vers la fabrication de lait liquide, yaourts, fromages, destinée à la grande distribution nationale.

"« La hausse des cours est-elle plus rapide que celle des intrants ? »"

Les éleveurs se posent la question. Pour des exploitations clôturant entre octobre et décembre 2021, la moyenne des prix perçus s’élevait à 371,9 €/1000 litres avec un point d’équilibre lié au lait de 354,8 €/1000 litres vendu. Pour le 4e trimestre 2021, la trésorerie dégagée par les élevages s’établit à 17,1 €/1000 litres soit 10 825 € pour un élevage moyen vendant 633 000 litres avec 83 vaches laitières.

Vers un « effet ciseaux » ?

Si l’on se réfère aux valeurs IPAMPA publiées par Agreste en mai pour des indices correspondant aux factures d’achats en mars 2022 et qu’on les applique sur les composantes permettant d’évaluer le point d’équilibre moyen de notre échantillon, ce dernier passe de 354,8 à 403,7 €/1000 l soit une augmentation des dépenses de 48,9 €/1000 l. Si la tendance inflationniste se maintenait, le prix pourrait lui aussi croître. Aussi, de 371,9 €, le prix moyen annuel perçu par notre échantillon passerait à 408,3€/1000 l au 3e trimestre 2022 soit une augmentation des recettes de 36,4 €/1000 l. Le point d'équilibre prévisionnel est encore couvert par le prix de vente du lait et la trésorerie reste positive de 4,6€/1000 l.

La baisse de trésorerie prévisionnelle est cependant de 12,5 €/1000 l. Pour l'élevage moyen de notre échantillon, le manque à gagner est de 7 910 €. À ce jour, sous couvert que les hypothèses de prix restent les mêmes, l'impact "prix" reste supérieur à l'impact "intrants"... jusqu'à quand ?  Le risque de voir apparaître un « effet ciseaux » en production laitière dès le 4e trimestre 2022 n’est pas à exclure.