« Le cœur de la FDSEA, c’est son réseau »

Les combats de la FDSEA de la Manche portent sur les prix, le revenu, la Pac, l’emploi… Autant de sujets qui ont été évoqués lors du conseil fédéral du 24 août 2021 auquel une centaine de personnes a participé, en présence de Jérôme Despey, secrétaire général national. Ce congrès renoue avec la proximité et marque les 75 ans du syndicat majoritaire.

« Enfin, nous nous retrouvons ! », a débuté Jean-Hugues Lorault, secrétaire général de la FDSEA de la Manche. En effet, la crise sanitaire a réduit les rencontres physiques pendant plusieurs mois. Pour autant, la FDSEA est « toujours restée active, même dans la discrétion », précise Jean-Michel Hamel, président de la FDSEA depuis le 27 mai, pour décrocher des acquis syndicaux notamment l’étalon unique pour les analyses de cellules en lait, le retrait de 9 communes dans la nouvelle révision des zones vulnérables, l’avancée sur les retraites. « Nous avons su nous adapter pour que la vie syndicale soit maintenue », assure Jean-Hugues Lorault.

FNSEA 2025

« Nous allons favoriser la proximité avec les adhérents », prévient Jean-Michel Hamel parce que « le cœur de la FDSEA, c’est son réseau ! », confie-t-il. Un message que défend également le syndicat à l’échelle nationale. Jérôme Despey, secrétaire général national, en charge du réseau a évoqué le projet appelé FNSEA 2025. « Une campagne de proximité est attendue parce que notre rôle est d’être aux côtés des agriculteurs, de défendre le projet pour qu’on puisse vivre dignement de notre métier, avec des agriculteurs sur nos territoires », souligne-t-il. Après des études, aujourd’hui, près de 50 % des agriculteurs sont syndiqués, 6 agriculteurs sur 10 sont membres d’un Ceta, GDA, Cuma et 4 agriculteurs ont un mandat électif. Des leviers vont être évoqués lors du congrès national des 21, 22 et 23 septembre prochain à Niort où la réflexion et la mise en œuvre du chantier FNSEA 2025 seront partagées.

Echanges et convivialité

A l’échelle départementale, les attentes des adhérents sont aussi des préoccupations. Des collations syndicales sont organisées sur les différents secteurs de la Manche pour analyser les problématiques territoriales. « Ces collations syndicales sont des moments d’échanges et de convivialité qu’il est facile à organiser », note Jean-Michel Hamel. A l’échelle des arrondissements, quatre dans le département, des rencontres seront également proposées en début d’hiver. « C’est avec les secrétaires généraux adjoints, les présidents d’unions syndicales, l’ensemble du réseau que le travail syndical se construit », assure Jean-Hugues Lorault. « Quand toute la base se mobilise, on obtient des avancées. Il faut donc rester mobilisé pour défendre toutes les agricultrices et tous les agriculteurs du département », poursuit le président départemental.
Alors, ce dernier conseil fédéral marque, « non pas le retour du monde d’avant mais au contraire, une nouvelle ère pour notre syndicalisme, qui a toujours su se réinventer pour être au plus près des préoccupations de ses adhérents », conclut Jean-Michel Hamel.

 

PAC 2023 : la Manche bénéficiaire
C’est Gilbert Michel, premier vice-président de la FDSEA qui a évoqué en premier le sujet. La nouvelle Pac qui entrera en vigueur au 1er janvier 2023 pourrait être globalement favorable au département de la Manche, avec moins d’inégalités de répartition sur le territoire. « On est arrivé à ce résultat grâce à la mobilisation de chacun », affirme le responsable syndical. Anne-Marie Denis, présidente de la FRSEA Normandie, lui a emboité le pas. « L’agriculture dans la Manche est active. Si le département est bénéficiaire, c’est un minimum de reconnaissance. Jamais je n’aurais remonté des éléments à l’échelle nationale si je n’avais pas eu l’appui de ce département », confie-t-elle.
Restent « pas mal d’incertitude sur les éco-régimes. Une fois de plus la Pac est axée sur l’environnement. En 2026, 25 % du premier pilier seront activés que par la partie environnementale. Par conséquent, nous devrons adapter nos exploitations sur cette nouvelle donnée. Cette Pac entraine également une baisse de 4 % de la surface productive », prévient Gilbert Michel. Alors, il promet de rester « attentif aux évolutions, pour donner des informations précises afin que l’agriculture manchoise ne soit pas pénalisée », souligne-t-il. « En étant force de proposition, nous avons su être efficaces et peser dans les positions tenues par la FNSEA et dans les arbitrages du ministre. Le travail de notre réseau et la représentation de notre département portent ses fruits. Si nous avons su être efficaces, sachons le rester. Restons vigilants », conclut Jean-Michel Hamel sur le sujet pour que la Pac « bénéficie aux agriculteurs véritables. »
 
Loi Egalim : des euros attendus
La loi Egalim laisse un goût inachevé pour les adhérents de la FDSEA de la Manche. « Dans nos porte-monnaie, on ne voit rien », débute Jean-Hugues Lorault. Dans les fermes, les retours de la version 2 sont attendus. Alors le président manchois formule un vœu, « celui qu’une bonne fois pour toutes, nos alertes soient enfin entendues et qu’au travers de la loi Egalim actuellement en discussion, les agriculteurs puissent être reconnus à leur juste valeur, c’est-à-dire en euros sonnants et trébuchants », espère-t-il. « Vivre de nos produits a toujours été notre premier combat et le reste encore aujourd’hui », poursuit-il.
 
La main-d’œuvre : un enjeu principal
Pour assurer le maintien des exploitations dans le département, l’emploi agricole est primordial. Pourtant, « des agriculteurs peinent à recruter », note Jean-Hugues Lorault. « Le facteur humain devient le facteur limitant. Il devient le principal enjeu de survie de nos exploitations et du renouvellement des générations. L’emploi salarié doit être au cœur de nos préoccupations », complète Jean-Michel Hamel. En moyenne 40 offres ne trouvent pas de candidats.
 
Carottes : 25 dossiers à l’étude
L’interdiction brutale de l’utilisation du dychloropropène sur les carottes a été mal vécue chez les producteurs. « Cette décision unilatérale a laissé des producteurs dans une impasse », dénonce Jean-Michel Hamel. L’Etat avait promis un million d’euros. Or, un seul producteur entrait dans le dispositif. Il a perçu 6 000 €. « C’est une honte », s’insurge le président. « Nous sommes déterminés plus que jamais. Nous avons porté une proposition concrète, avec de nouveaux critères, pour que cette enveloppe promise aux producteurs leur soit justement allouée », assure-t-il. Au-delà de cette aide liée à la perte de production, 25 dossiers sont arrivés éligibles au FMSE. « Il est temps qu’enfin, les producteurs engagés dans le plan de lutte contre le nématode, qui dépensent 2 000 €/ha de semence pour une culture qu’ils auront à détruire quelques mois plus tard, puissent être indemnisés », martèle-t-il.