Le commerce dans le VBF est insuffisant pour désengorger les frigo des abattoirs

Les abatteurs profitent d’un rééquilibrage du ratio offre/demande pour mettre la pression sur les prix.

Conjoncture – Avec une progression sans précédent des prix de la viande bovine sur les étals des magasins (+33% sur le steak haché), la consommation de viande française est en net repli. Les ingrédients qui incrémentent cette baisse des ventes restent les mêmes que ces dernières semaines (budget étriqué face à l’inflation, tension sociale, vacances de Pâques…). Le prix peut également être mis en cause, mais de très belles promotions sont présentes face à des abatteurs qui veulent désengorger leurs frigos.  En considérant que la consommation globale est constante, les 30% de viande importée sont la part perdue par la filière bovine française depuis le renforcement des écarts de valorisation avec nos voisins européens. Plus d’un tiers des abattoirs ont déjà réduit leur activité à quatre jours par semaine, d’autres ont réduit les cadences. Un rapport de l’APCA (Assemblée Permanente des Chambre d’Agriculture) de 2018 sur le comportement des consommateurs indiquait que quand le prix de la viande progresse de 1%, la consommation baisse de 0,54 %. Or, il y a deux ans, les bonnes vaches Prim’Holsteins P+ se négociaient à 2,90€, elles sont aujourd’hui à 4,70€. Les Charolaises R= étaient à 3,80€, elles sont à 5,35€.

Cette revalorisation des prix de la viande était indispensable pour assurer la survie de la filière, mais sa concentration sur deux ans à un effet loupe, alors qu’elle n’est que le reflet de 40 ans de sous-valorisation.  

Dans ce schéma de tension sur les ventes, les abatteurs profitent d’un rééquilibrage de l’offre pour mettre la pression sur les prix. Certes, les volumes en réformes laitières sont en baisse de 7% sur l’an dernier, mais ils doivent être mis en corrélation avec une baisse de la demande renforcée par une semaine écourtée. Les abatteurs souffrent de la faiblesse des commandes des pièces nobles vers la RHD. Les viandes bio et labels sont pénalisées par des tarifs de plus en plus difficiles à répercuter sur les étals.