Le dérèglement climatique à l'image de 2020 et 2021 ?

Dans le cadre d'un cycle de visio-conférences, Arvalis évoque les pistes d'adaptation au changement climatique, en capitalisant sur les bilans des campagnes 2020 et 2021, et la réponse génétique paraît inévitable.

L'adaptation des céréales au changement climatique est la grande thématique agricole de ces dix dernières années. En capitalisant sur les bilans des campagnes 2020 et 2021, Arvalis-l'Institut du Végétal donne sa position à l'occasion d'une visio-conférence inscrite dans un cycle de webinaires. Ces deux dernières années ont été marquées par des aléas climatiques extrêmes et inhabituels à commencer par les excès d'eau, des périodes de sécheresses hivernales et des gels printaniers.
Les saisons, c'est fini !
À elles seules, les deux dernières campagnes céréalières résument assez bien les conséquences du changement climatique. La sécheresse automnale de 2018 a ainsi provoqué des levées hétérogènes et une perte de pieds en blé tendre. Sur le pourtours méditerranéen, les semis se sont étalés jusqu'en décembre voire même janvier, en raison des excès d'eau. La campagne suivante, 2019-2020, entre 5 à 30% des surfaces, selon les régions, n'ont pas été semées en blé tendre en raison, là aussi, des pluies inhabituellement importantes. Ces décalages "extrêmes" des dates de semis ont un impact direct sur le potentiel. Selon Pauline David d'Arvalis : " le rattrapage partiel est possible à condition de ne pas avoir de sécheresse à certaines périodes du cycle avec un enjeu important d'accès à l'eau dès le printemps".
L'institut a relevé des mois de mars et d'avril plus secs, en pleine montaison du blé. L'année 2021 ne fait pas exception avec un manque d'eau sur tout l'ouest et le sud-est de la France. A ce moment précis, les besoins de la plante sont importants. Or, comment valoriser les apports d'azote sans eau et limiter la régression de talles ?
Les jours de gel printaniers devraient diminuer avec l'élévation moyenne des températures mais ceci ne limite en rien leurs conséquences. Pauline David détaille : " le cycle des céréales se raccourcit en raison des températures douces ; le gel est moins fréquent mais beaucoup plus impactant". Là encore, 2021 fait figure d'exemple. En Auvergne, l'étude d'impact menée par Arvalis démontre une perte de rendement maximal de 20% sur les parcelles les plus exposées, et les plus avancées.
Enfin, les conditions extrêmes en fin de cycle sont à double tranchant. D'un côté, l'institut révèle que " le fort rayonnement booste la fertilité des épis " mais les fortes chaleurs augmentent l'évapotranspiration et donc le stress hydrique. À contrario, les excès d'eau sur cette même période impactent directement la qualité de la récolte.
Quelles adaptations ?
Arvalis se positionne sur un ensemble de mesures. L'adaptation génétique des variétés pourrait permettre de revoir les pratiques culturales. " La sélection variétale pourrait offrir des blés tendres avec une très bonne réponse au semis tardif. Ces mêmes variétés devront également se montrer génétiquement plus tolérantes aux bio-agresseurs qui profitent de l'élévation des températures pour se développer" explique Chloé Malaval-Juery. En attendant la naissance de ces nouveaux blés, Arvalis travaille à l'élaboration d'un outil de gestion des apports d'azote. Ce dernier à partir de la caractérisation des sols, des variétés et de bien d'autres paramètres, modélisera la croissance des plantes pour proposer un diagnostic d'apport en lien avec la météo fréquentielle et les prévisions à sept jours. Testé depuis deux ans, il offre déjà "des résultats encourageants". Les agronomes de l'institut se penchent également sur la multiplication des variétés de blé tendre au sein d'une même exploitation dans l'espoir de "tamponner" les effets aléatoires de la météo. La réponse au changement climatique tient en quelque sorte dans une boîte à outils où chacun d'entre eux devra être utilisé en fonction des conditions pédoclimatiques de son exploitation.