Rencontre avec Yves Courrier, directeur de Coopaca

L’Assemblée générale de la coopérative s’est tenue à Jaligny-sur-Besbre, le jeudi 9 décembre.

Une assemblée générale qui permet de faire le point sur la récolte 2020 et le bilan des activités de la structure entre le 1er juillet 2020 et le 30 juin 2021. Quels enseignements faites-vous après la communication des chiffres présentés ?

Yves Courrier : Nous pouvons mettre en évidence deux faits marquants. Le premier, bien évidemment, est la crise sanitaire de la Covid-19. Suite aux confinements des mois d’avril et d’octobre 2020 et à la demande des pouvoirs publics, nous avons maintenu notre activité. Du côté des agriculteurs, leurs outils coopératifs ont permis de relever ce défi. Leur première préoccupation était de permettre d’alimenter la population française. Chaque citoyen a alors redécouvert l’agriculture comme un secteur essentiel de l’économie du pays. Nous avons rempli notre rôle, ni plus ni moins, en approvisionnant le secteur de l’agroalimentaire, les meuniers et l’amidonnerie. Nous avons su mettre les protocoles en place et éviter la propagation du virus. À ce propos, nous n’avons enregistré que cinq cas positifs à la Covid-19 sur un effectif de 67 salariés. Le second fait a été la sécheresse et ses effets importants sur la collecte 2020 qui n’a comptabilisé qu’environ 150 000 tonnes alors qu’une collecte normale sur notre zone statutaire évolue entre 170 et 180 000 tonnes. La production de maïs a été la plus impactée par le phénomène. Néanmoins, les stocks conséquents de la saison précédente ont permis de commercialiser des volumes à peu près dans la normale et, ainsi, palier cette récolte plus faible. Une récolte où nous avons également dépassé les 50 % en filière. Cela concerne les blés de la filière française CRC et Barilla ainsi que la charte de production française. Nous sommes fournisseurs exclusifs des moulins Barilla.

Des filières auxquelles adhèrent vos coopérateurs ?

Y. C : L’objectif des 50 %, nous nous l’étions fixé il y a environ quatre ans. Nous sommes parmi les coopératives françaises ayant une véritable particularité à développer ces filières rémunératrices au niveau de la production de blé. Cependant, ces filières ont des contraintes et nous ne pouvons pas les implanter partout. Nous sommes, je le pense, sur un palier que nous souhaitons consolider avant d’envisager une augmentation des surfaces dédiées et des objectifs plus ambitieux.

Qu’en est-il de l’activité « approvisionnements » ?

Y. C : Elle a été plutôt soutenue quant aux aliments à destination du bétail. Une situation qui s’explique avec des épisodes de sécheresse importants. Nous avoisinons les 40 000 tonnes. Une situation plutôt stable par rapport à l’exercice précédent. Du côté des engrais, nous avons battu le record des ventes. Là aussi, cela s’explique par des besoins en fumures de fond sur les exploitations.

La situation financière est plutôt confortable pour Coopaca ?

Y. C : Oui, une activité qui est plutôt très bonne avec un chiffre d’affaires de 63 millions d’euros. Un chiffre en hausse par rapport à l’an passé qui était de 61 millions d’euros. Nous en sortons un résultat correct de 900 000 euros. Les membres du Conseil d’administration ont donc proposé de redistribuer 2.5% de ce résultat, sur le chiffre d’affaires approvisionnement, après accord de l’Assemblée générale, ce qui représente 550 000 euros. Depuis cinq ans, nous sommes dans une politique de redistribution auprès de nos 1100 adhérents.

Comment se profile la récolte 2021 ?

Y. C : La récolte 2021 devrait, elle, être assez exceptionnelle suite à une météo plus favorable en termes de rendement mais pas forcément en ce qui concerne la qualité. Cette saison a été surtout propice au maïs. Nous devrions dépasser les 200 000 tonnes, un record que nous détenions depuis 2014. Et, paradoxalement, heureusement que nous avons épuisé les stocks l’an passé pour pouvoir assurer les suivants. À ce propos, nous avons déjà 8 000 tonnes de maïs en extérieur et 15 000 tonnes de stockées sur des sites précaires.

Suite à la loi EGalim, Coopaca a choisi la vente des produits phytosanitaires plutôt que le conseil. La transition s’est-elle effectuée sans difficulté ?

Y. C : Attention, nous devons tout de même assurer l’information en ce qui concerne l’utilisation du produit pour l’employer en toute sécurité. Même si l’échéance, pour les exploitants, est fixée à la fin de l’année 2023, l’adaptation ne se fait pas aussi vite. Certains organismes doivent, d’ici là, s’organiser pour proposer ce conseil stratégique qui deviendra obligatoire. Nous resterons neutres, mais, en cas de sollicitation de nos adhérents, nous orienterons vers ceux qui ont le mérite de bien connaître notre territoire et nos filières.

Quelles sont les perspectives des prochaines années chez Coopaca ?

Y. C : Comme je l’ai dit précédemment, nous consoliderons nos filières tout en améliorant encore la valorisation.

Au sujet de notre nouveau silo, à Saint-Martin-de-Lais et ses 14 000 tonnes de stockage, il a montré toute son utilité cette année, avec la récolte 2021. Un investissement qui avait été décrié en 2020 et qui était considéré comme démesuré. La réalité en a prouvé le contraire !

C’est aussi concrétiser notre projet protéines Ucal, à Varennes-sur-Allier. La construction de l’usine a démarré depuis le mois d’août. Un projet de 9.5 millions d’euros que nous portons depuis quatre ans. Nous mettons le pied dans le monde de l’industrie avec un site qui fonctionnera 330 jours par an, 24h/24h avec 5 à 6 salariés en 5/8. Nous portons de grands espoirs en termes de valorisation des graines oléagineuses et légumineuses, comme le soja, qui seront transformées et triturées. Son plein fonctionnement sera effectif en mai ou juin 2022. Nous ne faisons, toutefois, aucune promesse pour le moment, soyons prudent !