Le recul de la consommation est inquiétant

Faire baisser le prix des vaches au mois de mai est une nouvelle donne du marché, et démontre la volonté des industriels qui ont revu leurs stratégies, face à la chute de la consommation et à la perte importante de part de marché concédé aux viandes d’importation.

Conjoncture – Alors que les regards se portent sur les régions du sud de la France, déjà touchées par la sécheresse, la pluie qui tombe sur le reste du pays est en revanche très favorable à la pousse de l’herbe. Le contraste est saisissant entre l’abondance de nourriture dans les prairies et des rivières sans débit. Il ne faut pas présager de l’avenir, mais les conditions sont réunies pour que les éleveurs regonflent leurs stocks fourragers. Le beau temps de la semaine passée a permis le ramassage de l’herbe et des semis de maïs dans de très bonnes conditions, mais maintenant il va falloir être patient, car les champs sont gorgés d’eau.

Les animaux qui peuvent profiter des herbages vont prendre des kg à moindres frais, ce qui n’est pas le cas des nombreuses laitières en zéro pâturage. Ces bonnes conditions et l’accaparement des éleveurs dans les travaux limitent les sorties pour les abattoirs, avec seulement 11500 laitières abattues en semaine 17. Cette faiblesse saisonnière de l’offre n’entame pas la volonté des abatteurs de maintenir la pression sur les prix des réformes laitières. Faire baisser le prix des vaches au mois de mai est une nouvelle donne du marché, et démontre la volonté des industriels qui ont revu leurs stratégies, face à la chute de la consommation et à la perte importante de part de marché concédé aux viandes d’importation. Faire baisser le prix des vaches, c’est également pouvoir produire de la viande hachée à des tarifs plus raisonnables, mais il sera compliqué de retrouver la confiance des consommateurs, dans un paysage où le discours anti-viande est permanent.  

La France va-t-elle subir le même mouvement baissier que l’Allemagne, l’an dernier ? C’est le souhait de certains, mais pas des éleveurs qui craignent une contagion de ces baisses sur les laitières aux races à viande. C’est déjà le cas dans les allaitantes de choix secondaire, dont les tarifs se sont dégradés ces dernières semaines. Le marché de la viande tourne principalement autour de l’offre en minerai pour la production de viande transformée ou de steaks hachés. Mais quand le prix est trop élevé, les volumes d’achats se tassent.  

De leur côté, les pièces nobles à griller souffrent, avec une météo qui a été peu favorable à la sortie des barbecues sur les deux premiers week-ends allongés de mai. La production française est fière de la qualité de ces viandes racées, mais ce sont ces dernières qui souffrent le plus, car elles sont prises en étau entre des coûts alimentaires très élevés et des prix qui plafonnent dans la viande. Le risque est très élevé pour ces animaux de qualité de ne se retrouver que dans l’assiette d’une clientèle aisée et délaissée par les classes moyennes supérieures. Les viandes bio sont les premières à faire les frais de cette situation avec de nombreux éleveurs qui font machine arrière vers du conventionnel pour la survie de leurs élevages.   

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