Les commandes dans les abattoirs restent limitées

Avec le Black Friday et le Cyber Monday, les caddys se remplissent de cadeaux et non de viande.

Conjoncture – En cette période de préparation des fêtes de fin d’année, les amateurs de bonne viande ont le regard tourné vers les concours d’animaux de boucherie où les meilleurs bœufs femelles de races à viande vont se confronter sous l’œil de jurys de professionnels. La richesse de la France, c’est sa grande diversité de races. Il y en aura pour tout le monde, de l’Aubrac à la Parthenaise, de la Limousine à la Charolaise en passant par la Rouge des Prés, la Blanc bleu ou les croisées. Les amateurs de bonnes viandes auront le choix avec des magasins et des bouchers qui auront à cœur de mettre en avant la championne locale. Ces animaux seront abattus 3 semaines avant Noël pour assurer une bonne maturation de la viande afin qu’elle exprime toute sa tendreté.

L’animation commerciale sur les premiers concours qui se sont déroulés est convenable avec des volumes qui sont en nets replis et conformes à une demande également plus réservée. Malgré des coûts de production élevés, le niveau des prix proposés sur les concours pose les limites à la rentabilité dans les rayons trad ou les boucheries.

Sur les premiers concours qui se sont déjà déroulés, la participation des artisans bouchers a permis d’éclairer la vente des premiers prix dans un climat commercial assez calme avec des échanges qui se sont souvent effectués sur la longueur. La présentation est de haute qualité, mais en repli sur les volumes. Quant aux tarifs pratiqués, rien d’extraordinaire, ils restent comparables à ceux de l’an passé (6,50 à 8€ voire 10€ dans les championnes) alors que les engraisseurs et éleveurs font face aux prix élevés des aliments.

La semaine du Black Friday et le Cyber Monday ont enregistré une masse gigantesque de transactions pour les achats de Noël. Sur cette période, les ventes de détail ont progressé de façon très significative. 7 Français sur 10 ont profité des belles promotions pour faire des achats qui se concentrent sur les produits technologiques, la mode ou la beauté. En contrepartie, les ventes alimentaires ralentissent et la viande est l’un des produits les plus touchés sur cette fin de mois. Les caddys se remplissent de cadeaux et non de viande.

De leur côté, les industriels gèrent un trop-plein de disponibilités à cette période de l’année où les animaux sont rentrés dans les bâtiments pour l’hiver et où ceux qui souhaitent arrêter leur activité au 31 décembre vendent leurs derniers animaux. D’autre part, le marché français souffre toujours du très haut niveau des importations qui couvre 25% de notre consommation.

Malgré les baisses qui se succèdent depuis deux mois, le marché des réformes laitières subit toujours une très forte pression des industriels français. Cette situation est abondée par la nécessité de ramener des prix en accord avec le marché UE en corrigeant les excès de valorisation observés depuis 2 ans. La concentration des sorties des laitières sur le mois de novembre a amplifié le phénomène avec les plus fortes baisses observées de mémoire de commerçants (hors crise sanitaire). En quelques semaines, les laitières ont décroché de 0,70 à 1,30€/kg de carcasse selon les catégories. Cela permet un sérieux rapprochement avec nos voisins européens où les tarifs semblent se stabiliser. Les vaches O se valorisent autour de 3,80 € en Pologne, 3,50€ aux Pays-Bas et en Allemagne, alors qu’une remontée des prix est observée en Belgique. En France, les laitières sont passées en dessous des 4,00 € avec des P+3 lourdes qui se négocient autour de 3,90€ et des P= qui oscillent entre 3,50 et 3,80€ en fonction du poids et de l’état de finition. Les mauvaises vaches P1 décrochent sévèrement avec des tarifs compris entre 2,60€ et 2,90€. Cela annonce une atténuation de la baisse pour la semaine prochaine, pour arriver à une stabilisation pour la fin de l’année. 2024 fera de nouveau face à un marché déficitaire au regard de la décroissance de l’élevage français, mais où la concurrence intra-européenne restera très forte.