Les diarrhées néonatales sont-elles toujours le résultat exclusif d’un seul agent pathogène ?

La réponse d'Agnès Jardin, vétérinaire Ceva.

"Non ! L’expérience montre qu’il existe énormément de poly-infections. Il faut bien comprendre que dans un élevage, certains germes à l’origine des diarrhées néonatales sont absents chez les porcs sains. Mais d’autres sont déjà présents de façon minoritaire. Et il suffit qu’un facteur de risque soit déséquilibré pour créer un terrain favorable au développement de ces germes pathogènes que sont les virus, les bactéries et les parasites. Certains sont des agents opportunistes ! D’où l’importance de la biosécurité, de la marche en avant mais aussi d’autres éléments comme : le confort thermique, l’état de la truie, la qualité et quantité de l’alimentation et l’abreuvement, le poids du porcelet à la naissance etc...Et lorsque les diarrhées néonatales sont sévères sans qu’aucun de ces facteurs ne soit mis en lumière, une analyse complète (avec examen bactériologique, viral et histologique des tissus) est nécessaire afin d’identifier le ou les germes en cause.  Entre 2015 et 2019, Ceva a collecté les résultats de 477 diagnostics effectués sur des porcelets diarrhéiques issus de toute la France et de différents élevages. Résultats : l’Enterococcus hirae était impliqué dans 50 % des cas, le Rotavirus dans 40 % et le Clostridium perfringens de type A dans 30 %. Mais surtout, 40 % de ces élevages étaient atteints de poly-infections. Dans cette situation, mon expérience terrain m’indique qu’il ne faut pas perdre du temps à essayer de hiérarchiser les agents pathogènes afin de cibler et traiter celui qui est supposé dominant. Au contraire, il faut directement frapper large et fort par des vaccinations multiples sur le cheptel truie par exemple, tout en travaillant à réduire les facteurs de risques identifiés. Car on ne se débarrasse pas des germes. On cherche avant tout à les maîtriser et les contenir pour qu’ils demeurent minoritaires dans l’organisme des animaux."