Les différentes causes de la torsion utérine chez les bovins

La torsion de matrice est plus fréquente chez les bovins que chez d’autres espèces d’animaux domestiques. Celle-ci s’est terminée par une césarienne.

Un éleveur de Parthenaise contacte la clinique pour « une vache qui bricole ». Cette Parthenaise multipare est « triste » et a des coliques selon son propriétaire. Elle est certainement proche du terme car certaines vaches du même lot ont déjà vêlé. À l’examen rapproché, on peut observer des signes annonciateurs du vêlage (œdème vulvaire et perte de glaire gras au niveau de la vulve). Lors de la fouille vaginale, le col est mou, légèrement dévié et on sent un pli au niveau du plafond du vagin. La palpation transrectale permet de déterminer l’origine du problème, on sent comme un « nœud » au niveau de l’utérus. Cette vache a une torsion de matrice. Elle n’a pas d’autre anomalie à l’examen clinique.

5 à 7 % des dystocies

La torsion de matrice est une pathologie fréquente des bovins, chez qui elle représente 5 à 7 % des dystocies. C’est beaucoup plus rare dans d’autres espèces. L’utérus a effectué une rotation autour de son axe longitudinal ce qui ferme plus ou moins le col et/ou le vagin. Cette rotation est facilitée par l’anatomie de l’utérus des vaches. En fin de gestation, sous l’influence des changements hormonaux qui ont lieu peu avant la mise bas, les ligaments en jeu dans le vêlage se relâchent. On observe facilement que les ligaments sacro-iliaques se détendent, la vache « se casse » et ce phénomène est facile à observer et surtout à « palper ». L’utérus est alors en équilibre instable car les ligaments qui le retiennent et qui sont situés caudalement se relâchent, de plus si l’ingestion de la vache diminue, le rumen moins volumineux calera moins bien l’utérus gravide.

Chute ou glissade

Une cause accidentelle comme une chute ou une glissade peut induire un mouvement de balancier qui provoquera une torsion utérine. L’attitude de la vache lorsqu’elle se lève peut aussi être une cause favorisante. Les vaches qui se lèvent comme des chevaux (c’est-à-dire qu’elles lèvent d’abord l’avant de leur corps puis l’arrière) ont davantage de risque d’avoir une torsion de matrice. D’autres facteurs de risque entrent en jeu comme un poids excessif du veau ou une gestation gémellaire dans la même corne ce qui modifie le centre de gravité de l’utérus et facilite les torsions.

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Il est possible d’observer des torsions seulement quelques jours avant le vêlage mais aussi parfois plusieurs mois avant sur des vaches gestantes de seulement 4 à 5 mois même si c’est nettement plus rare. Souvent ces vaches présentent des coliques sourdes.

Dans le cas de notre patiente, il était impossible de toucher le veau, nous avons donc fait une césarienne. Lors d’une de torsion de matrice, les vaisseaux irriguant la matrice sont comprimés. Comme s’il y avait un garrot, le fœtus reçoit moins d’oxygène ce qui peut conduire à sa mort. Qui plus est, la paroi de l’utérus est alors très fragile. Cela complique parfois la suture de la plaie de césarienne ou conduit à retirer l’utérus plutôt que de faire une suture vouée à l’échec.

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Lors de la surveillance des bovins, toute vache avec des coliques doit être examinée attentivement. Les torsions de matrice sont une cause de colique parmi d’autres mais d’une façon générale, une prise en charge rapide des coliques nécessitant une intervention chirurgicale — torsion de matrice ou, moins fréquent en élevage allaitant torsion de caillette ou du caecu — améliore grandement le pronostic.

À savoir

Sur un cas individuel, il est compliqué de savoir pourquoi une vache fait une torsion de matrice, mais la survenue régulière de torsion de matrice dans un troupeau doit conduire à vérifier la gestion des vaches à vêler : volume de fourrage ingéré, confort de l’environnement qui joue sur la façon dont les vaches vont se relever ou qui peut conduire à des chutes.

 

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