Les élus mettent fin à la régie de l’abattoir de Saint-Hilaire

La communauté d’agglomération Mont-Saint-Michel Normandie a décidé en décembre de mettre un terme à la régie de l’abattoir de Saint-Hilaire, devenu un gouffre financier, entrainant ainsi la fermeture au 31 décembre 2020. Désormais, elle travaille sur un nouveau projet avec un industriel privé, accompagnée par la Région et la Shema.

La question aurait pu faite réagir les uns et les autres comme l’avait dit en préambule David Nicolas, lors du conseil de la communauté d’agglomération Mont-Saint-Michel Normandie du 15 décembre. Pourtant, les réactions auront été légères comme si les dés étaient déjà jetés.
Le 15 décembre dernier, 73 % des élus ont ainsi décidé de mettre un terme à la régie de l’abattoir au 31 décembre 2020. La raison ? Un déficit impossible à couvrir par la collectivité.

Une baisse d’activité de 25 %

Depuis le 1er juillet, date à laquelle la communauté d’agglomération a repris les rênes, la situation n’a eu de cesse de se détériorer : une baisse de l’activité de 25 % entrainant une perte de recettes de 460 000 €, des bâtiments vétustes avec des pannes et des fermetures intempestives, conduisant la DDPP à prononcer des injonctions de mises aux normes (système de froid, pré-traitement des rejets…). A court terme, il aurait fallu mobiliser 1 625 000 € dont 653 000 € avant le 31 mars 2021.  
Alors, les élus ont dit stop. « On a voulu y croire », a lâché David Nicolas. Six mois plus tard, ils jettent l’éponge parce que « nous sommes dans l’impossibilité de présenter un budget équilibré pour l’année prochaine, budget qui aurait été refusé par la préfecture comme elle nous l’a spécifié dans un courrier du 18 novembre », poursuit-il.


Des pertes conséquentes

« On ne s’attendait pas à une perte aussi conséquente », reconnaît David Juquin, vice-président en charge des finances publiques. Et pourtant, sans rien acter le 15 décembre, « nous ne pourrions plus payer nos fournisseurs ni honorer les salaires », explique-t-il.
Le vice-président pointe la filière, qui selon lui n’a pas tenu ses engagements. David Nicolas le dit clairement. « Le temps nous a manqué et surtout les bonnes volontés autour de nous ne sont pas mobilisées. On reste assez amer », explique-t-il.

Le personnel licencié

La fin de la régie entraine également le licenciement du personnel et la mise en place d’un plan de reclassement pour une vingtaine de personnes. « Notre rôle sera de les accompagner dans la mesure du possible », avance l’élu, qui a rencontré les équipes la veille du conseil communautaire.
Désormais, la communauté d’agglomération travaille sur un projet industriel avec à ses côtés la Région Normandie, la Schéma et un investisseur privé. « Tout n’est pas ficelé. Mais ce projet rentre dans le cadre du plan de relance du gouvernement et du soutien à la modernisation des abattoirs. Nous allons tout mettre en œuvre pour assurer le maintien d’une activité industrielle sur le site avec un projet d’investissement. Il était urgent de prendre en compte la situation financière dans laquelle nous étions mais nous n’avons pas dit notre dernier mot. Nous espérions bien que l’abattoir de Saint-Hilaire, sous une forme qu’il reste à définir, va continuer d’exister pour répondre aux besoins des éleveurs locaux », indique David Nicolas, qui reconnaît que la gestion d’un abattoir n’est pas le métier d’une collectivité. « Actons notre incapacité à poursuivre l’aventure en régie et faisons le pari d’une reprise pour le bien de la filière locale », conclut-il.

Un préjudice de 200 000 €
Au moment des pannes du système de réfrigération de l’abattoir, les marchandises situées dans les frigos de la société Teba ont été impactées. Alors, la société de découpe a engagé une procédure pour obtenir réparation au titre des pertes subies estimées à 200 000 €. « Une expertise a eu lieu en début de semaine », note le vice-président aux finances, David Juquin.
Quid de l’abattoir de Carentan
Des échanges ont été établis entre les équipes de l’abattoir de Saint-Hilaire et celui de Carentan, en vue de créer une structure coopérative pour les deux abattoirs. Mais le 15 décembre dernier, David Nicolas a reconnu que cela ne pourrait pas aller plus loin. « Nous avons visité l’abattoir de Carentan en septembre. Il a pris beaucoup de retard. L’outil est loin d’être opérationnel, pas avant l’été », explique-t-il. « Malheureusement, au vu de notre incapacité à avoir un budget équilibré, et au vu du retard pris à Carentan, le plan initial ne tient plus », ajoute-t-il.