"Les Herbes Folles", la pépinière qui vise l'autosuffisance

Thomas Gouëllo et Yoanna Marescot ont créé les Herbes Folles, une pépinière où chaque végétal a sa place dans l'écosystème : les arbres porte-greffons abritent les jeunes fruitiers en pousse qui protègent à leur tour les légumes du potager plantés à leur pied. Ils ont reçu le prix du coup de coeur du jury dans la catégorie "producteurs" lors de la 9e édition des Trophées de l’Excellence Bio 2022.

Dans le petit monde de la pépinière, il y a ceux qui achètent des petits plants et qui les font grandir avant de les revendre. Et il y a ceux, beaucoup plus rares, qui partent de la semence et des arbres porte-semences pour commercialiser au bout de quelques mois, sinon quelques années, des jeunes plants et des jeunes arbres. C’est très clairement dans la seconde catégorie que jouent Yoanna Marescot et Thomas Gouëllo. « A l’exception des fraises, précise Yoanna Marescot, dont l’authenticité est une marque de fabrique. L’idée n’est pas tant de se distinguer que d’éviter de générer des déchets. C’est ce qui est effectivement le cas lorsque l’on crée nos propres semences et nos propres plants, dans une logique d’autonomie ».

L’autonomie : c’est le fil conducteur, pour ne pas dire le ressort philosophique, qui anime le couple de pépiniéristes depuis la création des Herbes Folles en 2017 à Saint-Loup (Charente-Maritime). La présence d’animaux sur la ferme participe de son côté à l’autonomie en matières organiques et fertilisantes. 

L’autonomie, c’est aussi la quête, au moins partielle, que peuvent nourrir les clients de la pépinière, en cultivant des légumes « ratatouille » (tomate, aubergine, poivrons, courgettes), en plantant des arbres fruitiers (à pépins, à noyaux) ou encore des plantes comestibles telles que le chénopode Bon Henri, le chou Daubenton, la consoude bocking 14, l’échinacée pourpre, la joubarbe des toits, la monarde écarlate, la sauge ananas ou encore l’agastache anisée.

Mais comment les Herbes Folles ont-t-elles réussi à imposer ces plantes exotiques (et néanmoins inféodées aux Charentes) et accessoirement mellifères dans le jardin de leurs clients et in fine dans leur assiette ? « Le gros du travail s’opère sur les marchés que nous arpentons tous les week-ends du printemps », répond Yoanna Marescot. Visiblement, les pépiniéristes sont convaincants car la petite pépinière repousse régulièrement, non pas les murs, mais les bordures de leur plates-bandes, pour ne pas dire de leurs buttes. Car si la pépinière se défend d’employer le terme de « permaculture », un brin galvaudé, c’est bel est bien dans ce registre qu’elle se situe. Avec de solides bagages en matière d’écologie, elle dans la recherche, lui dans le milieu associatif, le couple est allé puiser à la source du concept en Nouvelle-Zélande durant une année complète, avant de créer les Herbes Folles. Un golf s’est même laissé séduire. Mais les pépiniéristes se défendent d’avoir atteint le graal. « Nous serons permacoles lorsque nous produirons zéro déchet », affirme Yoanna Marescot.