Les maïsiculteurs mobilisés sur les moyens de lutte et sur la future PAC

Préservation de la cyperméthrine, reconduction du système dérogatoire à l’obligation de rotation de la PAC, stockage de l'eau... Lors de son assemblée générale, l'AGPM a évoqué les différents fronts de la filière maïs.

Les maïsiculteurs ont fait état de leurs inquiétudes, lors de leur assemblée générale le 26 novembre, comme en écho aux craintes exprimées par les producteurs d’oléoprotéagineux quelques jours auparavant. L'année 2020 s'est en outre caractérisée par des conditions météo défavorables, qui ont pénalisé les rendements dans plusieurs régions. Dans la grande famille du maïs, la situation est particulièrement compliquée pour les producteurs de semences, en raison de résultats économiques malmenés depuis plusieurs années, avec la perspective d’une forte tension sur les semences l’an prochain.

Plus globalement, les maïsiculteurs se plaignent d’obstacles aux moyens de production. Sur le dessus de la pile, il y a toujours le dossier de l’accès à la ressource en eau, ravivé cette année par le déficit hydrique qui a pénalisé les rendements. « Les projets de territoire ne sortent pas, ou en nombre dérisoire, et la question du renouvellement et de l’annulation des autorisations uniques pluriannuelles est un dossier important depuis 2019 », a indiqué Éric Frétillère, président des Irrigants de France.

Après le retrait des néonicotinoïdes, menace sur la cyperméthrine

Autre fer aux feux : la baisse des solutions de protection du maïs. En plus du retrait des néonicotinoïdes, pénalisant la lutte contre les mouches, c’est la lutte contre le taupin qui pourrait être fragilisée avec la proposition de retrait de la cyperméthrine. « Nous nous battons pour pouvoir conserver les microgranulés », a expliqué Jean-Marc Schwartz, secrétaire général adjoint de l’AGPM.

La réforme de la politique agricole commune sera également déterminante pour le maïs. « Le sujet majeur de la PAC est l’obligation de rotation à la parcelle que veut mettre en place la Commission européenne », a souligné Franck Laborde, secrétaire général du syndicat.

L’obligation de rotation dans la PAC au cœur des préoccupations du maïs

L’AGPM demande la reconduction du système de certification adopté dans la PAC de 2014. Cette certification pour les exploitations spécialisées en maïs repose sur un principe d’équivalence à la diversité d’assolement en cas de mesure de couverture hivernale des sols. « La certification sera la pierre angulaire de la PAC 2023, a insisté Franck Laborde. Le Conseil des ministres européens a acté que la mesure d’équivalence peut se substituer à la conditionnalité. Le travail doit se faire maintenant au niveau national. »

Dans une allocation vidéo, a apporté quelques éléments de réponses aux attentes de l’AGPM. Le ministre a réitéré sa volonté de « sécuriser la ressource en eau et la capacité de stockage ». Si la concertation « reste la clé pour trouver un équilibre de long terme », cette phase devra être raccourcie « pour ne pas durer 8 ou 10 ans, comme c’est parfois le cas actuellement ». Un groupe dédié au sein du ministère sera mobilisé pour « suivre au cas par cas les projets » de stockage de l’eau.

Soutien du ministre à la cyperméthrine

Sur le dossier de la protection des cultures, le ministre a rappelé la « ligne de crête » qu’il entend suivre : « réduire la dépendance à certains produits phytosanitaires sans créer d’impasse technique ou économique. » À ce titre, il a affirmé son soutien au maintien de l’usage de la cyperméthrine en granulés « le temps de trouver des alternatives », tout en soulignant que la décision se prendrait au niveau européen.

Quant à la certification, dérogation à l’obligation de rotation, Julien Denormandie a expliqué que « son maintien et son éventuelle évolution feraient l’objet d’un travail dans les prochains mois dans le cadre de l’élaboration du programme stratégique national ». Ce PSN, qui doit préciser dans chaque pays quelles mesures seront prises pour atteindre les objectifs de la PAC fixés à l’échelle européenne, va donner lieu à des négociations dans les mois à venir. Objectif : que la France rende sa copie à la Commission européenne au premier trimestre 2021.

Plan de relance : des aides à l’investissement pour les irrigants

Pour les irrigants, le plan de relance apporte une note positive : il donnera accès à des financements pour le stockage de l’eau et pour des investissements dans les outils d’aide à la décision. « L’enjeu du matériel pour les irrigants est important, a estimé Éric Frétillère, président des Irrigants de France. Les OAD de plus en plus performants et précis permettent de disposer d’une meilleure connaissance des plantes, des besoins en eau et des sols. C’est une orientation technique à prendre rapidement. »