Les points critiques des élevages alternatifs de porcs identifiés

[Journées de la Recherche Porcine] Les défis que doivent relever les élevages alternatifs, ceux notamment qui permettent l'accès des porcs au plein air, sont importants en termes de bien-être animal, de santé et de sécurité sanitaire.  

« Les élevages alternatifs présentent de réels atouts, dont la principale est de plaire au grand public. Mais ils doivent aussi relever des défis majeurs, en termes de bien-être animal et de sécurité sanitaire notamment », affirmait Maxime Delsart, enseignant à l’école vétérinaire de Maison-Alfort, lors des dernières Journées de la Recherche Porcine qui se sont déroulées à Paris les 1er et 2 février dernier. Le vétérinaire souligne que ces élevages donnent aux animaux la possibilité d’exprimer un panel comportemental plus large qu’en bâtiment fermé, ce qui va dans le sens d’un meilleur bien-être animal. Ils semblent également moins sensibles aux maladies respiratoires. Mais des questions peuvent se poser concernant, pour certains systèmes de production en plein air, la gestion de l’alimentation de l’abreuvement, des températures et des prédateurs. « Certaines études suggèrent que certains agriculteurs bio ont plus de difficultés à répondre aux besoins nutritionnels des truies », constate-t-il.  « Une période de gel peut empêcher la distribution de l’eau. A l’inverse, l’action du soleil sur les canalisations favorise les proliférations bactériennes ».

La biosécurité, un défi majeur pour le plein-air

Le vétérinaire souligne aussi que les mesures de biosécurité sont plus difficiles à appliquer. « C’est le plus grand défi pour les élevages de porcs alternatifs », souligne-t-il. « Ce type de production peut représenter une difficulté dans la lutte contre les agents pathogènes, en particulier ceux circulant dans la faune sauvage ». La fréquence souvent plus importante des écrasements de porcelets en maternité peut aussi interpeller. « Une température trop basse augmente la proximité des porcelets avec leur mère et favorise la mortalité par écrasement ». Il en est de même pour la gestion du parasitisme. « Dans toutes les études, la fréquence de lésions d’Ascaris suum sur les foies est systématiquement plus élevée quand les porcs proviennent de systèmes d’élevage avec un accès plein-air ». Par ailleurs, « la prévalence plus élevée de nombreux agents pathogènes zoonotiques dans ces élevages peut représenter un risque pour la santé humaine ». Maxime Delsart souligne que peu d’études ont abordé l’élevage alternatif dans sa globalité. « Pour assurer leur durabilité, il est nécessaire de mieux cerner leurs atouts et leurs limites », conclut-il.