Les vins de Bourgogne résistent aux aléas de la pandémie

Les exportations de vins de Bourgogne, qui représentent près de la moitié des ventes, réussissent à limiter l'impact du Covid-19, notamment grâce au marché britannique. Le marché intérieur devait lui aussi pâtir de la conjoncture. La récolte 2020 est la meilleure des six années passées. Le BIVB va s’inspirer du modèle des crémants pour instaurer un modèle de gestion des volumes, au plus proche des besoins du marché.

"La Bourgogne résiste grâce à un quatuor de tête inédit. Certaines bonnes surprises (Royaume-Uni, Suisse) compensent la chute brutale des USA, impactée par une taxe injuste", relève dans un communiqué le Bureau interprofessionnel des vins de Bourgogne (BIVB). Sur les neuf premiers mois de 2020, les exportations ont reculé de 3,9% en volume et de 9,3% en valeur par rapport à la période équivalente de l'an dernier. La baisse est en grande partie due à la chute de 21% en volume (et de 29% en chiffre d'affaires) des ventes aux États-Unis. Le premier marché extérieur des vins de Bourgogne est plombé par la surtaxe douanière de 25% sur les vins tranquilles de moins de 14 degrés.

Les ventes en Chine et à Hong Kong, dont la part est passée de 2% des exportations en 2009 à 9% en 2019 (en valeur), se sont de plus effondrées de 30,6% en volume (et de près de 17% en chiffre d'affaires). Le Japon se porte un peu mieux avec une baisse de 4,5% (-6,4% en valeur).

Rebond du marché britannique

Mais la baisse aurait été bien plus sévère sans l'étonnant rebond du marché britannique, souligne le Bureau. Sur les neuf premiers mois, ce marché croît ainsi de 11,6% en volume (+ 1,3% en chiffre d'affaires), reprenant même temporairement sa place de premier marché extérieur des vins de Bourgogne en mai et juin, devant les États-Unis.

Le BIVB rappelle que le Brexit, toujours en négociation, n'a encore provoqué aucune nouvelle barrière tarifaire. Les professionnels ont déjà à plusieurs reprises évoqué un "effet de stockage" pour expliquer ce dynamisme, les importateurs préférant acheter maintenant, avant l'éventuelle application d'une réglementation plus contraignante.

Le Canada, troisième marché à l'export, offre lui aussi une belle surprise, avec une hausse de 8% en volume (+7,7% en valeur). La Belgique, cinquième marché, limite la baisse (-1,8% en volume et même +1,2% en valeur) tandis que la Suède et la Suisse poursuivent leur croissance de 2019 à un bon rythme, avec respectivement +17,1% et +2,5 % en volume (+9,7% et +8,2% en valeur). Les exportations de vins de Bourgogne avaient clos l'année 2019 sur une hausse de 9% en volume (89,8 millions d'équivalents bouteilles de 75 cl) et de 10,4% en valeur par rapport à 2018, dépassant la barre symbolique du milliard d'euros de chiffre d'affaires (1,039 milliard d'euros).

La plus grosse récolte depuis six ans

Sir le marché intérieur, la pandémie devrait également impacter les ventes. « Si les ventes ont été fortement impactées au début du confinement, en mars-avril, elles ont ensuite repris, particulièrement chez les cavistes, en grande distribution et, pendant l’été au domaine », relève le BIVB. « La fin d’année, avec le reconfinement et la fermeture brutale de toute la restauration, impactera fortement les résultats annuels ».

Bonne nouvelle, la Bourgogne a enregistré sa meilleure récolte depuis six ans, avec 1,55 M hl, contre 1,25 M hl en 2019. « Sur le long terme, les volumes de production soient en légère hausse, contrairement à ce que l’on imaginait depuis le début des années 2000 », note le BIVB.

Lors de son assemblée générale, programmée en décembre prochain, le BIVB présentera son Projet stratégique quinquennal, comportant notamment un modèle de gestion des volumes de production adapté aux potentiels de mise en marché, inspiré des producteurs de crémant de Bourgogne. Le modèle inclut les conditions de production, de plantation et le mécanisme de la réserve interprofessionnelle.