Limagrain inaugure son nouveau moulin

Limagrain a inauguré son nouveau moulin à blé à Saint-Ignat, après plus de deux ans de travaux et 24 millions d'euros d'investissement.

C'est une nouvelle page qui s'écrit dans l'histoire de la première coopérative agricole auvergnate. La semaine dernière, Limagrain a mis les petits plats dans les grands pour inaugurer ce qui est l'un des plus ambitieux outil agro-industriel de ces dernières années, dans la région. Si la crise énergétique actuelle inquiète et soulève de nombreuses questions auprès des industriels de toute l'Europe, Limagrain poursuit sur la voie de la valorisation de la production agricole locale, en digne locomotive qu'elle est.
Un phare dans la plaine
Deux ans de travaux et plus de 24 millions d'euros auront été nécessaires à la construction de ce nouveau moulin à blé. Au coeur de la plaine de Saint-Ignat, dans le prolongement de la zone agro-industrielle, l'outil flambant neuf traduit à lui seul dans le paysage, l'essor de l'activité de la coopérative.
Il marque également un tournant dans l'histoire de Limagrain puisqu'il vient remplacer les deux moulins de Bouzel et Gerzat dont le devenir est "en cours de réflexion (...) nous avons déjà plusieurs pistes" nous souffle Sébastien Vidal. Le président de Limagrain a le sourire en ce 8 septembre au soir. Autour de lui, bon nombre de personnalités politiques mais aussi d'agriculteurs adhérents, sont venus découvrir la nouvelle rolls de la meunerie auvergnate. Il faut bien avouer que la structure en impose avec sa tour culminant à 42 mètres ; le tout réhaussé du blanc et rouge de Limagrain. Au-delà du gigantisme du bâtiment, ses entrailles abritent "les dernières innovations meunières" explique Jean-Baptiste Rouvet, responsable production du moulin. Il est ainsi entièrement automatisé et préssurisé "pour limiter les contaminations par les insectes".
Jusqu'à 350 t de blé écrasés par jour
Côté performance, le moulin peut écraser jusqu'à 350 tonnes de blé par jour soit 110 000 t/an. Par rapport aux anciens outils de la coopérative, le rendement attendu devrait être supérieur de 1 à 1,5%. Sa polyvalence permettra en un seul site, la production de tous les types de farines, de l'ultra-blanche à la farine complète. Le blé transformé dans ce moulin est destiné à 88% à la boulangerie industrielle dont 82% pour Jacquet-Brossard. Le restant est partagé entre les 200 boulangers artisanaux d'Auvergne-Rhône-Alpes et la GMS.
Si lors de la construction l'accent a été mis sur le sanitaire et la performance, Limagrain a placé au même niveau la qualité du produit final. Le moulin abrite ainsi un laboratoire où les produits sont testés avant leur commercialisation. "Nos clients ont besoin d'une qualité régulière" souligne Sébastien Vidal.
La bataille de l'eau
Ce moulin est certes un outil industriel mais il est également "le symbole d'un engagement pour l'avenir à l'heure où les temps sont plus qu'incertains". Bien que soutenu financièrement par l'Union Européenne dans le cadre du Feader(1) et le Gouvernement, à travers le plan de relance, cet investissement demande tout de même à la coopérative d'avoir des reins solides. Comme toutes les industries, elle voit d'ores et déjà ses charges de production augmenter. Un responsable de Limagrain nous confie : "au prix standard de l'électricité, le coût énergétique est de 8 à 9€/tonne de farine ; cette part a augmenté et on s'attend à ce qu'elle double voire triple".
Prise en tenaille entre les conséquences des tensions géopolitiques, la crise énergétique et le changement climatique, la prise de risque de Limagrain est importante. Alors face aux félicitations et aux fiertés affichées des personnalités politiques locales (préfet, sous-préfet, députés, conseillers régionaux et départementaux, maires...) présentes à l'inauguration, Sébastien Vidal enfourche son cheval de bataille : la gestion de l'eau. "Nous paysans n'avons pas attendu cet été pour nous préparer. Nous travaillons à l'adaptation de nos pratiques et portons l'urgence de l'eau depuis de nombreuses années. L'eau est un enjeu majeur pour le maintien de notre agriculture et de ses outils. Quoi de plus vital que le pain ? Il est à la base de l'alimentation dans de nombreux pays. Toutes les solutions doivent être envisagées pour parvenir à une gestion durable de l'eau. N'oubliez pas : plus d'eau, plus d'énergie, plus de pain !"
Ce à quoi, Philippe Chopin, préfet du Puy-de-Dôme a répondu : "le partage équitable de la ressource en eau sera déterminant et doit être collectif pour réussir".
La filière blé représente en Limagne plus de 20 000 hectares et une production de 18 000 tonnes par an dont plus de 50 % sont transformées localement.
1 : Fonds Européen Agricole pour le Développement Rural