Lutte contre les corvidés : des solutions à combiner dès le semis du maïs

Le corbeau freux et la corneille noire sont les deux principales espèces de corvidés qui peuvent être à l’origine de dégâts significatifs sur les semis de maïs. Face à ce risque difficilement prévisible et maîtrisable, certaines précautions sont recommandées lors de l’implantation de la culture.

Les principales espèces de corvidés déprédatrices sont la corneille noire et le corbeau freux. La première est une espèce sédentaire et territoriale, entièrement noire (y compris le bec), présente sur tout le territoire. Quant au corbeau freux, il revêt également un plumage noir, mais il est reconnaissable par son bec blanc grisâtre. Le corbeau nidifie essentiellement dans les deux-tiers nord du pays et la basse vallée du Rhône.

Des dégâts possibles jusqu’à 7-8 feuilles

Ces corvidés consomment les graines de maïs dès le semis et jusqu’au stade 4-5 feuilles, voire exceptionnellement jusqu’au stade 7-8 feuilles. En suivant la ligne de semis, ils sont capables de faire des dégâts importants, pouvant conduire à un resemis. L’intensité des attaques dépend des besoins alimentaires de ces volatils (en lien avec leur reproduction) et de l’offre alimentaire présente dans l’environnement (semis de maïs et autres ressources).

Les corvidés sont fortement présents dans les vallées avec des refuges à proximité (bois, grands arbres, nidification dans les parcs…). Ils n’apprécient pas d’être dérangés. Ainsi, les parcelles les plus à risque sont celles où la présence humaine est moindre (grandes parcelles, parcelles en hauteur avec vue dégagée, parcelles isolées).

Par ailleurs, une zone avec seulement quelques parcelles de maïs est davantage exposée au risque corvidés qu’un secteur où les semis seraient simultanés sur de larges surfaces (dilution de l’offre). C’est pourquoi leur présence est fréquemment signalée dans des régions où la culture de maïs est minoritaire.

Bilan des essais 2021

ARVALIS a mis en place de nombreux essais au cours du printemps 2021. Deux méthodes expérimentales ont été déployées :
- des essais réalisées en microparcelles ayant pour but d’évaluer des produits appliqués au semis en traitement de semences ou en localisation dans la raie de semis. Parmi les 11 essais mis en place, seuls 4 essais ont finalement permis de conclure sur l’efficacité des solutions en expérimentations. Parmi les 16 solutions en évaluation, seul le produit de référence Korit 420FS (à base de zirame) présente un comportement intéressant avec une protection qui se distingue du témoin, même si son efficacité peut parfois être insuffisante en situation d’attaques très intenses (figure 1). Les autres produits en évaluation ne présentent pas une efficacité satisfaisante dans les conditions expérimentales rencontrées en 2021.
- des essais réalisés en grandes parcelles avec pour objectif d’évaluer l’intérêt de modalités agronomiques, de plantes de services ou de produits répulsifs appliqués en traitement des parties aériennes. Parmi les 25 parcelles suivies, peu ont subi suffisamment de dommages de corvidés dans les zones témoins, ce qui ne permet pas de conclure. Au final, aucune modalité n’a démontré un intérêt pour la protection du maïs contre les dégâts de corvidés.

Eviter les semis en décalé et sur sols motteux

Certaines pratiques agronomiques peuvent contribuer à réduire l’exposition des plantules de maïs aux attaques de corvidés sans pour autant garantir l’absence d’attaques :
- grouper les semis pour diluer les attaques de corvidés dans le paysage. Il convient donc d’éviter tant que possible les semis décalés dans l’espace et dans le temps. Une parcelle de maïs isolée géographiquement ou dans le temps (semis tardif par exemple) aura toutes les chances de concentrer les individus, et donc les dommages.
- éviter les préparations en conditions trop sèches pour ne pas avoir des sols motteux ou soufflés, conditions favorables aux dégâts d’oiseaux, tout en évitant de semer trop tôt après le labour (en sol limoneux). Un compromis doit être trouvé pour satisfaire ces conditions pouvant parfois être antagonistes.
- rappuyer correctement la ligne de semis : Lorsque les oiseaux ont le choix, des différences sont notables selon le type de préparation de sol et le type de semoir,
- si les conditions le permettent (selon le type de sol, la période de semis, la météo annoncée…), privilégier un semis profond (4-5 cm ou plus). Les dégâts seront ralentis à défaut d’être empêchés.
- De nombreux systèmes d’effaroucheurs existent (épouvantails, canons…). Leur efficacité peut parfois être décevante suite à une accoutumance souvent rapide des oiseaux. Un passage humain régulier reste souvent le plus efficace pour éviter une installation des corbeaux dans la parcelle.

A l’inverse, certaines situations seront plus favorables aux attaques de corvidés :
- faible vitesse de levée du maïs (conditions climatiques défavorables, semis profond, sol argileux) et croissance ralentie jusqu’au stade 4-5 feuilles,
- situations favorables à l’activité biologique du sol et la présence de macrofaune du sol (techniques culturales sans labour, semis sous couvert, présence de résidus et de graines, apport de fumier…) dont des ravageurs telluriques.

.

Lire la suite de l’article