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Machine à traire : mieux comprendre son impact sur la qualité du lait
Un programme de recherche vient d'être conduit sous l'égide de l'Idele-Institut de l'élevage, pour concevoir un outil d'étude expérimentale de l'impact de la machine à traire sur la qualité du lait. L'un de ses premiers sujets d'étude devrait être les biofilms qui se forment dans la machine à traire.
C'est une machine à traire presque comme les autres : elle comprend des circuits de pulsation, de lait, de lavage, et tous les éléments que l'on retrouve habituellement dans une installation de traite en élevage. Elle est installée dans une ferme, en l’occurrence la ferme expérimentale de Derval (44), une « vraie » exploitation laitière, doublée d'un laboratoire qui est l'un des trois sites mondiaux agréé Icar (agrément des compteurs à lait).
Uniquement des mamelles artificielles
Toutefois, cette machine à traire se différencie sur au moins deux points : d'abord, elle ne traira jamais d'animaux, mais uniquement des mamelles artificielles reproduisant le plus fidèlement possible au minimum la forme et parfois même la texture des trayons des trois espèces élevées en France : vaches, chèvres, brebis. Ensuite, elle est bardée de capteurs (capteurs de vide, de température, etc.) reliés à un système d'enregistrement et elle comporte un élément spécifique, appelé « veine porte-coupons » : un tronçon qui s'intègre au circuit du lait et sur lequel il est possible de réaliser des prélèvements microbiologiques, sans avoir à démonter ou à perturber l’intégralité de la machine.
Un outil unique et adaptable
Cet outil, qui a été présenté lors d'une journée spéciale organisée à Derval en mai dernier, est un pilote mis au point dans le cadre du projet PiloTraite : conduit par Idele-Institut de l'élevage, en lien avec de nombreux partenaires scientifiques et techniques. Il a bénéficié du soutien financier du Ministère de l’Agriculture (Casdar RT) et de la société Kersia (anciennement Hypred). Son but : la conception d'un outil capable d'étudier en conditions contrôlées l’impact de la machine à traire sur la qualité du lait.
Les précédentes études réalisées sur ces sujets étaient en effet trop dépendantes d'un type de machine, d'un lieu ou d'une espèce. Le nouvel outil se veut plus « universel », plus contrôlé, modulable et adaptable à différents équipements (différentes marques de machines), différentes espèces et même différentes utilisations du lait (lait de consommation, fromages, AOP...).
La machine à traire, support de biofilms
Les premiers travaux de recherche avec cet outil vont concerner les biofilms, des communautés pluricellulaires, comprenant bactéries, levures et moisissures, qui se forment sur les surfaces, collaborent entre elles dans un équilibre complexe, avec parfois des échanges de matériels génétiques. Ces communautés s'engluent dans une sorte de mucus et forment une matrice qui devient résistante au nettoyage et à la désinfection.
La machine à traire offre une quantité importante de surfaces pour s'implanter, un fluide particulièrement nourrissant (le lait), de l'humidité, de l'air : c'est un lieu privilégié pour les biofilms. Ces derniers peuvent comporter des microorganismes auxiliaires de la filière laitière (bactéries lactiques, bactéries d'affinages, levures et moisissures), d'autres plutôt liés à l'altération, et très rarement des pathogènes (Listeria monocytogenes).
Différents biofilms, issus de différents sites et de différentes espèces seront implantés expérimentalement dans l'outil PiloTraite. Les conditions de leur implantation, les modalités de leur destruction, ou du moins, de leur maîtrise (car parfois, on ne cherche pas la désinfection complète), pourront être étudiées.
L'outil PiloTraite pourra également servir à d'autres études : par exemple, autour de la conception hygiénique des machines à traire (comment optimiser leur « nettoyabilité »), de leur entretien (contrôles, renouvellement des consommables...), de leur réglage et bien sûr autour de toutes les modalités de nettoyage-désinfection (tests de nouveaux produits, nouveaux protocoles...). La qualité microbiologique du lait sera particulièrement étudiée, mais également les facteurs de risques de lipolyse ou de contamination par des résidus chimiques.