Pas d’Eima pour Agco, ou la terre plutôt que la moquette

Le constructeur invoque l’épidémie de coronavirus comme la cause de son renoncement au salon italien. Mais depuis quelque temps, Agco manifeste sa volonté de prendre ses distances avec les salons traditionnels, au profit d’expériences de terrain et d’évènements virtuels. Les prémices d’une nouvelle ère pour les grands salons dédiés au machinisme ?

L'épidémie de coronavirus va-t-elle constituer un tournant dans l'organisation de certains salons agricoles ? Peut-être. Si l'on peut estimer que des rendez-vous tels que le Space ou la Foire de Châlons-en-Champagne, annulés en 2020, lui survivront en 2021 à la faveur d'une parade sanitaire que d'aucun souhaite aussi efficace que massive, les grosses machines que sont les salons européens du machinisme vont peut-être connaître le mouvement inverse à celui qui prévaut dans les cours de ferme, à savoir une réduction de voilure.

L'Eima sera en tout cas le premier à en faire l'expérience, avec le retrait d'Agco et de ses trois marques emblématiques que sont Fendt, Massey Ferguson et Valtra. Le groupe vient en effet d'annoncer qu'il suspendait sa participation à la prochaine édition programmée à Bologne (Italie) du 4 au 7 février 2021. "Malgré le fait que l'EIMA représente une partie non négligeable de notre plan marketing depuis des années, nous suspendons notre participation au vu d'une évolution toujours rapide de la pandémie de coronavirus", indique Agco dans un communiqué.

L'Eima était initialement programmé du 11 au 15 novembre 2020, avant que les organisateurs n'en changent pour cause de pandémie. Mais ils ont remplacé l'édition physique de novembre par un "Eima Digital Preview", tout en virtualité, aux mêmes dates.

La terre et l'air, plutôt que la moquette

Reste à savoir si d'autres constructeurs et notamment des full-liner lui emboiteront le pas. Notre Sima national, lui aussi reporté à février 2021 (21-25 février) n'est pas à l'abri d'une désaffection des constructeurs, plusieurs marques ayant annoncé leur défection, notamment Köckerling et Väderstad, bien avant la survenue de l'épidémie. Ce n'est pas tant l'attractivité des salons qui semble poser problème, les visiteurs étant toujours au rendez-vous en dépit d'une démographie déclinante. Le problème se situe plutôt du côté des finances, avec une inflation des coûts oblitérant toujours un peu plus le retour sur investissement, en prime si difficile à jauger.

En début d'année, Massey Ferguson ne disait pas autre chose, en annonçant un changement de stratégie en la matière. "La participation systématique aux salons agricoles traditionnels n'est plus viable et ne répond pas aux besoins des clients pour prendre leur décision finale dans le cadre de leurs prochains investissements en termes d'équipements agricoles", pointait la marque. Et quand celle-ci s'affiche sur la moquette, elle privilégie les expériences virtuelles au détriment d'une débauche de machines et de m2.

En fait, le groupe réinvestit la terre – et l'air - plutôt que la moquette, avec des "MF eXperience Tour", des "Valtra SmartTour" et des « FendtONE Roadshow", en lien avec ses réseaux de concessionnaires et in fine en prise directe avec des agriculteurs aux intentions d'investissement pré-identifiées.