Sortie du glyphosate : 50 solutions en ligne

Les ministères chargés de l’Agriculture et de la Transition écologique ont mis en ligne un centre de ressources explorant les alternatives à l’herbicide. Le site ratisse large et s’enrichira au fil du temps des acquis et des expériences.

Une écimeuse pour limiter les stocks semenciers, des plantes compagnes gélives associés au colza, des rouleaux hacheurs de couverts, des socs scalpeurs de prairie, la pratique du faux semis en interculture, du désherbage mécanique en plein mais néanmoins sélectif au moyen de herses étrilles ou de houes rotatives, une bineuse à doigts pour désherbage les rangs de mais, des mulchs végétaux ou synthétiques, la pratique du pâturage dans des couverts et/ou repousses, sans oublier la charrue : telles sont quelques-unes des solutions présentées sur le centre des ressources mis en ligne le 1er février par les ministères chargés de l'Agriculture et de la Transition écologique. Les solutions prennent la forme de d'articles de synthèse, de fiches et de vidéos issues des réseaux Dephy ou encore de fiches Geco, un outil collaboratif d'échange de connaissances et d'expériences. Elles balaient toutes les filières : grandes cultures, cultures légumières et tropicales, viticulture, arboriculture, horticulture, plantes à parfum aromatiques et médicinales. Le site s'enrichira régulièrement de nouvelles fiches et de nouveaux retours d'expériences. Le centre de ressources a une toute autre portée que la plateforme glyphosate.gouv.fr,  un compteur d'ha apurés ou en voie d'apurement, lancé par le gouvernement en novembre dernier.

Changement de pied ?

La mise en ligne de centre de ressources s'inscrit dans le plan d'action visant à mettre fin aux principaux usages du glyphosate d'ici à fin 2020 et à 2022 pour l'ensemble des usages. Une formulation qui, soit dit en passant, ne contredit pas foncièrement les déclarations du président de la République le 24 janvier dernier à Bourg-de-Péage (Drôme). « Est-ce qu'on peut dire : y aura plus de glyphosate dans trois ? Impossible. Je vais pas vous mentir, c'est pas vrai. (...) Si je vous disais ça c'est simple : je tue complètement certaines filières ». Des déclarations peut-être un peu trop vite interprétées comme un changement de pied, les situations d'impasse n'ayant jamais été ignorées par l'exécutif. En 2017, à la demande expresse du gouvernement, l'INRA avait publié une rapport de 88 pages sur les usages et les alternatives au glyphosate dans l'agriculture française. Le rapport pointait environ pour 10 % des usages une situation de quasi-inféodation à la molécule, affectant l'agriculture de conservation, la production de semences, certaines productions de plein champ de légumes frais et de conserve, la culture du lin fibre (rouissage), la récolte des fruits à coque, la canne à sucre  ou encore l'exploitation de zones difficiles (terrasses, pentes, cailloux) rencontrées en vigne-arbo et dans les DOM, et peu enclines au travail mécanique. La maîtrise de certaines vivaces et plantes invasives pourrait aussi se compliquer. Reste à savoir quel sort sera réservé à ces usages en l'absence d'alternative.

Plan de sortie

Au-delà de ces cas particuliers, l'INRA n'avait pas mésestimé le défi imposé par l'abandon du glyphosate. Dans ses conclusions, le rapport faisait le constat suivant. « L'analyse des diverses situations souligne que la sortie du glyphosate ne se fera pas par l'utilisation d'une option unique pour tous, ni même d'une option technique unique pour une exploitation agricole ou un système de culture donné. C'est donc plutôt vers l'identification de combinaisons techniques adaptées localement que s'orientent les recommandations. Ceci contribue à la complexité apparente et à la charge mentale, en particulier pendant la phase de transition ». Énoncé par le gouvernement en juin 2018, le plan de sortie comporte, en plus du centre de ressources, quatre autres volets : le renforcement de l'accompagnement des agriculteurs, la mobilisation des acteurs (enseignement, Chambres d'agricultures, Civam, coopératives et négoces) pour promouvoir les alternatives, le suivi des ventes et des usages de l'herbicide, la valorisation des acquis auprès de nos voisins européens sensibles à l'initiative française. La recherche n'est pas oubliée. Depuis 2015, près de 14 projets de recherche orientés vers les alternatives au glyphosate ou la gestion intégrée des adventices ont ainsi été soutenus. L'appel à projet 2018 du plan Ecophyto, clos fin 2018, prévoit également une priorité marquée sur ce sujet.