Marché des matières premières agricoles : un indicateur neutre à haussier pour 2022

Pour sa 6ème édition, le Paris Grain Day, organisé par Agritel les 27 et 28 janvier 2022, a rassemblé 150 acteurs et experts internationaux dans une formule hybride en présentiel et distanciel, permettant d’échanger sur les différents « drivers » du marché des matières premières agricoles. Dans un contexte de forte hausse de prix depuis 18 mois, ils ont conclu à un avis neutre à haussier pour 2022.

« Le Paris Grain Day Consensus » affiche ainsi une tendance neutre à haussière pour l’année civile 2022 avec une note de 3,87 sur 5 (5 étant très haussier). Il est supérieur à l’indicateur de 2021 qui, déjà assez haussier, s’élevait à 3,63. Issu du vote de l’ensemble des acteurs internationaux de la filière des grains, il reflète leur perception actuelle sur l’évolution des cours des matières premières agricoles.

Selon les experts présents, l’agitation des marchés qui s’est accélérée depuis 2 ans avec la crise du Covid est partie pour durer. « La vigueur de la reprise dans les économies avancées est bien plus importante que présagée il y a un an », indique-t-on chez Agritel. Un décalage est ainsi apparu entre une reprise forte et brusque de la demande et une production sous-dimensionnée pour faire face à ce surplus de consommation.

En conséquence de cette situation, une inflation galopante a démarré sur les énergies et les matières premières et se déplace désormais vers les prix à la consommation. « Elle met à mal les pays émergents qui restent en retrait avec des séquelles plus profondes et durables de la crise », poursuit Agritel.

Chine et Russie au centre des tensions

L’insuffisance de l’offre de pétrole face à la hausse de la demande illustre bien le contexte actuel. Les tensions sont encore bien plus fortes en gaz où s’entremêlent des considérations climatiques sur l’année 2021 et une dimension géopolitique avec au centre de l’échiquier la Russie et la Chine. Ces deux grandes puissances bouleversent en effet le marché des matières premières : « Sur les grains, les achats massifs de la Chine démarrés à l’été 2020 continuent et siphonnent les stocks des grands exportateurs qui malgré des productions record n’arrivent pas à se reconstituer, analyse-t-on chez Agritel. Dans le même temps, les restrictions russes à l’export soutiennent les prix des céréales sur le marché mondial et à contrario handicapent les producteurs russes. Or c’est la Russie, désormais 1er exportateur de blé, qui depuis 20 ans tient le rôle de locomotive dans la croissance des échanges mondiaux de blé. Tout plafonnement de l’offre russe menace le marché mondial alors que la consommation de blé devrait encore progresser de 80Mt d’ici 2030 ».

Flambée des engrais

Pour 2022 c’est également la flambée des cours des engrais, eux aussi emportés par l’envolée du gaz, par des problèmes de logistique et par la géopolitique, qui vient menacer l’offre mondiale de céréales.

Les experts présents lors du Paris Grain Day ont voulu tempérer leurs discours tant sur l’inflation, l’énergie, les engrais ou les grains avec la perspective d’un rééquilibrage des marchés d’ici la fin 2022. Mais les incertitudes sont telles et à tout niveau que les tensions peuvent très vite repartir. C’est donc de nouveau dans un contexte de volatilité exacerbée que les marchés vont évoluer en 2022.