Météo : l’été démarre chaud et sec sur la moitié Nord

Depuis la mi-mai, la moitié nord de la France connait une nouvelle situation de « blocage », avec le retour d’un temps sec, qui devrait persister dans les prochains jours. Le Sud a connu à l’inverse de fréquents orages qui ont permis de réhumidifier les sols. Mais le niveau des nappes phréatiques demeure bas et la liste des arrêtés de limitation des usages de l’eau s’allonge.

Après un hiver 2022-2023 particulièrement sec, les deux premiers mois de ce printemps 2023 (mars et avril) ont été nettement plus arrosés, ce qui a permis d’enrayer presque totalement les sècheresses météorologiques et agricoles et de réduire la sécheresse hydrologique sur la plupart de nos régions. Seule exception, le domaine méditerranéen où il n’avait quasiment pas plu au cours de cette même période.

En revanche, ce mois de mai 2023 a évolué dans le bon sens sur les régions méridionales avec un excédent pluviométrique bienfaiteur, mais la situation s’est considérablement inversée sur la moitié nord. En effet, jusqu’au 14/15 mai, les précipitations furent généralisées et assez copieuses. Néanmoins, à compter de la mi-mai, le contexte météorologique a complètement évolué vers une nouvelle situation dite de « blocage ». Ce n’est pas la première fois que nous parlons de ce terme « blocage », avec la mise en place d’une récurrence anticyclonique sur une large moitié nord du fait du positionnement d’un puissant anticyclone (pressions atmosphériques moyennes de l’ordre de 1030 à 1040 hPa) sur le nord et le nord-ouest de l’Europe. Ces hautes pressions ont coupé l’alimentation humide de l’Océan Atlantique et ont engendré des courants de nord à nord-est très secs. Résultat, les basses pressions ont davantage circulé entre les Açores et la Méditerranée et ont été responsables de pluies diluviennes sur le nord de l’Italie et le sud-est de l’Espagne. En France, c’est l’instabilité qui a dominé sur les régions méridionales avec de fréquents orages quotidiens. Ce fut une très bonne nouvelle dans la bonne humidification des sols de surface sur la moitié sud, même si ces précipitations tombées l’ont été de façon très hétérogène avec, par exemple un excédent pluviométrique de 82% à Nîmes et un déficit de 54% à Perpignan.

"Les précipitations accusent de nouveau un net déficit"

L’impression d’avoir observé un mois de mai frais, humide et peu lumineux, lors de la première quinzaine du mois, fut contrebalancé par la seconde qui fut très ensoleillée, nettement plus douce et plus sèche.

En résumé, ce mois de mai 2023 affiche de nouveau un excédent thermique de +0,7°C par rapport à la normale 1991-2020, des valeurs proches des normes au niveau de l’ensoleillement (+9%), alors que les précipitations accusent de nouveau un net déficit de près de 26% à l’échelle du pays.

Ces précipitations orageuses ont-elles été réellement bénéfiques pour atténuer la sécheresse en profondeur près de la Méditerranée ?

Si les sols et la végétation de surface profitent grandement de ces précipitations, il n’en est rien des couches situées plus en profondeur. En effet, les pluies orageuses ont tendance à rapidement ruisseler et donc à s’évacuer dans les rivières et l’évapotranspiration des végétaux est très important à cette période de l’année. Résultat, si les risques d’incendies sont très limités à l’heure actuelle (sols humides et pas de Mistral ni de Tramontane), clair est de constater que les nappes phréatiques restent à des niveaux bas à très bas entre le Roussillon et le Languedoc mais également entre la Provence, le Var et les Alpes Maritimes. Cette situation est comparable à un mois de juillet alors que nous ne sommes que tout début juin.

Situation des nappes phréatiques au 1er mai 2023 (Source : https://www.brgm.fr/fr)
"La liste des arrêtés de limitation des usages de l’eau s’allonge"

Enfin, la liste des arrêtés de limitation des usages de l’eau s’allonge avec de très nombreux départements concernés et notamment ceux du sud-est mais aussi la plupart de ceux du bassin parisien. L’ouest, le Massif-Central et le Grand-Est s’en sortent mieux pour le moment.

Source : http://propluvia.developpement-durable.gouv.fr

Quelles sont les prévisions météorologiques en France pour les 10 premiers jours du mois de juin 2023 ?

Source : https://www.ecmwf.int/

La situation générale restera presque inchangée par rapport à celles que nous connaissons depuis la mi-mai ! En effet, les conditions météorologiques dites « de blocage » vont persister avec la poursuite d’un temps lumineux et sec au nord. En conséquence, la sécheresse météorologique et agricole va donc s’accentuer (cf. carte de l’évolution de l’humidité des sols, ci-dessous) sans compter que la bise a tendance à dessécher un peu plus les sols, tandis qu’au sud, la menace orageuse sera quotidienne dans une ambiance un peu lourde. Les rivages des côtes du Languedoc-Roussillon resteraient un peu plus en marge (orages moins fréquents). Les températures maximales resteront d’un bon niveau pour un début d’été, supérieures de 2 à 3 degrés par rapport aux normales climatiques 1991-2020 mais nous n’envisageons pas une accentuation de la chaleur comme ce fut le cas en juin 2022 avec une canicule record de précocité (débutant avant le 15 juin).

Evolution de l’état de l’humidité des sols entre le 1er et le 8 juin 2023 (0 à 40 cm) (Source : www.windy.com)