Moins de gaz et plus de liquidités avec les contrats OleoZE de Saipol

Le triturateur de colza et de tournesol lance une plateforme d’achats en ligne de graines, bonifiées d’une prime bas carbone pouvant atteindre jusqu’à 40 €/t. Une condition : réduire l’empreinte carbone des cultures. Un défi à la portée du plus grand nombre.

Dans la Meuse, un agriculteur a vendu sur OleoZE à la fin du mois de juillet dernier du colza au prix départ ferme de 390 €/t. Il a bénéficié en prime d’un bonus « GES » de 28 €/t, calculé sur la base de ses pratiques culturales, en l’occurrence du non labour et le recours partiel à de l’azote organique, aboutissant à une réduction de son empreinte de 97% (comparativement à celle du gazole fossile), pour un rendement de 39 q/ha.

En Ille-et-Vilaine, un agriculteur a vu son bonus « GES » pointer à 40 €/t et sa réduction d’empreinte carbone à 150%, sous l’effet d’un basculement du semis direct et du recours exclusif à des engrais organiques, pour un rendement de 30 q/ha. Ces deux exemples ont été communiqués par Saipol, à l’occasion du lancement de sa plateforme OleoZE, destinée à valoriser les bonnes pratiques agricoles et à les rémunérer en conséquence. Elle s’adresse autant aux agriculteurs qu’aux organismes stockeurs. Elle est opérationnelle du lundi matin au vendredi soir.

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La plateforme OleoZE, accessible aux agriculteurs et aux OS, du lundi matin au vendredi soir

Un simulateur de bonus

Premier enseignement : le colza, pas toujours bien connoté du point de vue environnemental, peut aussi prendre sa part à la décarbonation de l’agriculture et du transport routier. « En moyenne, le colza est crédité d’une réduction d’émissions de GES comprise entre 50% et 67% contre 65% à 77% pour le tournesol », déclare Romain Lebas, responsable service durabilité et approvisionnement bas carbone chez Saipol. « Le problème, c’est que ces chiffres moyens ne prennent pas en compte les pratiques individuelles des producteurs. Or, dès que vous vous inscrivez dans l’agriculture de conservation, qui minimise le travail du sol au profit d’une maximisation des couverts, le bilan carbone s’améliore significativement ».

Pour jauger ses propres pratiques à l’aune des émissions de GES, la plateforme OleoZE intègre un simulateur qui, en quatre points et quelques minutes, permet d’évaluer le bonus qui serait accordé en cas de signature d’un contrat de vente de graines. Dans ce cas de figure, Saipol réalisera un audit un peu plus poussé (et gratuit) pour s’assurer de l’éligibilité des productions. La plateforme comprend également un espace didactique consacré aux techniques sobres en carbone. « L’objectif n’est pas de s’adresser uniquement aux initiés et aux experts de l’agriculture de conservation mais également aux novices », précise Emilie Halle, responsable des plateformes digitales chez Saipol.

Porté par la réglementation

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Christophe Beaunoir, directeur général de Saipol

Second enseignement du bonus « GES » appliqué au colza et au tournesol : il y a sur le marché des carburants des opérateurs prêts à rémunérer en conséquence les matières premières contribuant à réduire les émissions des moteurs thermiques. « Depuis, 2018, Saipol a commercialisé des opérateurs suédois et allemands 500 000 t de biocarburant », déclare Christophe Beaunoir, directeur général de Saipol. « Les biocarburants sont portés par la réglementation. D’ici à 2030, le secteur des transports devra recourir à des énergies renouvelables à hauteur de 14%, contre 10% actuellement. Ce taux de 14% pourra être couvert pour moitié, soit 7%, par des biocarburants conventionnels, issus de la trituration de colza, de tournesol, de soja ou encore de palme. On est à 5,8% actuellement donc nous avons des marges de progression. De par ses caractéristiques, l’ester de colza est le plus prisé des pétroliers ».

Les oléagineux, des cultures d’avenir

Le colza intéresse aussi le secteur de l’aviation. Dans le cadre d’un appel à manifestation d’intérêt, Saipol a soumis une proposition, en collaboration avec un pétrolier, en s’appuyant sur OleoZE comme moyen de source des biocarburants de génération avancée réduisant les émissions de GES.

Depuis sa mise en service en début d’année, la filiale du groupe Avril a commercialisé 10 000 t de graines, essentiellement du colza, via OleoZE. A terme, la plateforme pourrait concerner 300 000 t de colza et de tournesol, soit 7 à 8% des tonnages triturés par Saipol. Avec OleoZE, Saipol souhaite redonner le statut de cultures d’avenir aux oléagineux et positionne l’agriculture comme une solution pour la planète. La démarche et la plateforme seront-elles de nature à relancer la culture de colza, passée de 1,5 à 1 million d'hectares en deux ans ? Réponse dans quelques pleins.