Néonicotinoïdes : les semences de betteraves seront livrées dans les temps

Selon Cristal Union, 90% des surfaces betteravières sucrières seront protégées cette année de la jaunisse grâce aux néonicotinoïdes. C’est légèrement inférieur au taux prévalant avant leur interdiction à l’automne 2018. La logistique a relevé le défi.

Le 5 février dernier, un arrêté entérinait la ré-autorisation de l’imidaclopride (Gaucho 600 FS) et du thiaméthoxame (Cruiser SB) en traitement de semence des betteraves sucrières, pour une durée de 120 jours et pour les campagnes 2021, 2022 et 2023. Les semenciers allaient-il relever le défi, à quelques semaines seulement des premiers semis ? « Je commence à m’inquiéter, confiait début mars Philippe Ribault, planteur en Eure-et-Loir, et accessoirement président de la Coordination nationale pour la défense des semences fermières (CNDSF). Seulement 20% de mes doses ont été livrées ».

Avec une perte de rendement de 60% causée par la jaunisse, le planteur peut prétendre à une indemnisation, conformément aux enseignements pris dès l’été dernier par le ministère de l’Agriculture. Il a jusqu’au 16 avril pour faire formaliser sa demande sur le site de téléprocédure de FranceAgriMer,

Du côté des opérateurs, on se veut rassurant. « Les dernières livraisons sont programmées entre le 15 et le 19 mars, indique William Huet, responsable du département agronomie du groupe Cristal Union. Nous avons une douzaine de jours de retard par rapport à d’habitude, du fait des délais de préparation raccourcis par la publication tardive de l’arrêté, mais tous nos coopérateurs seront livrés dans le respect de leurs commandes ».

90% contre 95% auparavant

Le groupe coopératif, qui collecte bon an mal an la production de 150 000 ha de betteraves, annonce un taux de protection aux néonicotinoïdes proche de 90%, légèrement inférieur aux 95% qui prévalaient avant leur interdiction. « Le léger recul s’explique par les contraintes liées aux restrictions entourant les cultures à suivre sur les parcelles ayant reçu des betteraves traitées », poursuit William Huet. La ré-autorisation dérogatoire des néonicotinoïdes restreint en effet les conditions de réintroduction de cultures mellifères dans la rotation, jusqu’à l’année N+3.

La filière a par ailleurs réduit de 25% la dose de néonicotinoïdes dans l’enrobage pour réduire les risques d’impact. De son côté, le groupe sucrier et ses adhérents se sont engagés à implanter 1 600 ha de surfaces mellifères d’ici à trois ans pour favoriser l’alimentation des pollinisateurs.

La coopérative est également impliquée dans la recherche de solutions alternatives. « Nous allons mettre à profit ces 1000 jours pour trouver le maximum de solutions, annonce William Huet. Il faudra s’appuyer sur le levier génétique, sur les traitements en végétation à partir de produits de biocontrôle et enfin sur les plantes compagnes et les éléments paysagers favorisant les auxiliaires ».

La réintroduction des néonicotinoïdes laisse espérer un retour à la normale côté rendements, sur fond de cours à la hausse.

Le groupe poursuit par ailleurs le développement de sa filière bio, qui devrait concerner 1000 ha cette année.