« Nous testons des PSE carbone, qualité de l’eau et biodiversité »

Dans l’Oise, le GIEE Les 5 éléments des Sablons développe des méthodes et des indicateurs en vue des créer des contrats de Paiements pour services environnementaux (PSE) sur trois paramètres que sont le carbone, la qualité de l’eau et la biodiversité.

Ils sont 25 agriculteurs cultivant un total de 5000 ha ils ont constitué, en 2020, le GIEE Les 5 éléments des Sablons, du nom de la communauté de communes située à mi-chemin entre Paris et Beauvais (Oise). Ils se donnent deux ans pour appréhender le modèle économique de trois services environnementaux que sont la séquestration de carbone, la préservation de la qualité de l’eau et la préservation de la biodiversité.

Pour mener à bien leur projet, qui repose sur des obligations de résultats et pas de moyens, le GIEE a recours aux services d’Arvalis et du cabinet d’expertise-conseil en agroenvironnement Agrosolutions, qui fournissent les méthodes que des bureaux d’études se chargent d’appliquer. Un organisme certificateur est aussi sollicité pour certifier la démarche et les résultats. « Parcelle par parcelle, en fonction des pratiques de l’agriculteur, des types de sol et des éléments climatiques, nous sommes capables de modéliser les transferts de nitrates et de produits phytosanitaires dans la nappe phréatique », explique Thibaut Constant, agriculteur à Amblainville (Oise) et président du GIEE.

Des PSE en échos à la RSE

En ce qui concerne le volet biodiversité, deux indicateurs sont mobilisés, à savoir des comptages de vers de terre, révélateurs de la vie du sol et l’offre alimentaire en pollen, exprimée en kg/ha et calculée en tenant compte de l’espèce cultivée et des infrastructures agroécologiques (haies, bandes fleuries, bandes enherbées...).

Un an après la création, le GIEE en est encore à la phase de diagnostic. Son objectif ultime est de valoriser les services environnementaux associés aux trois volets du projet (carbone, eau, biodiversité), auprès d’entreprises privées, dans le cadre de démarches relevant de la Responsabilité sociale et environnementale (RSE).

Une rentabilité encore hypothétique

Reste à savoir si le rapport coût / bénéfices sera profitable aux exploitations dont les pratiques vont forcément nécessiter des adaptations pour atteindre les objectifs. En ce qui concerne le volet carbone, Thibaut Constant pointe une équation à plusieurs inconnues. « Aujourd’hui, on a bien du mal à se faire une idée de l’offre et de la demande en crédits carbone », souligne-t-il. Or, les seuils de déclenchement sont nécessairement différents d’une exploitation à l’autre. En ce qui concerne les démarches RSE, des évolutions réglementaires pourraient être de nature à faire pression sur le prix du carbone ».

Si le projet n’a pu se faire, c’est grâce au concours de l’Agence de l’eau Seine-Normandie, qui finance 80% du projet (350 000 euros). Mais les 25 agriculteurs ont mis la main à la poche pour financer le solde de 20%.

Le principe des circuits courts appliqués aux PSE

En dépit de ses interrogations, le GIEE, à la faveur de son expertise, relativement inédite s’agissant de l’eau et de la biodiversité, espère bien monétariser ses services environnementaux dûment certifiés, auprès d’entreprises en charge de la distribution et du traitement des eaux ou d’entreprises agroalimentaires pour ce qui est du volet biodiversité. « On souhaiterait appliquer le principe des circuits courts au PSE », explique Thibaut Constant. On supprimerait au passage un intermédiaire tout en rendant notre offre potentiellement plus attractive auprès d’entreprises locales ».

Le GIEE, qui s’est attaché les services d’un juriste pour établir les contrats, se donne encore un an pour poser les bases du modèle économique de ses PSE.

Qu’elle qu’en soit l’issue, l’expérience sera de toute manière positive. « A l’heure de l’agribashing, c’est plutôt positif que d'affirmer et de prouver que l’agriculture parvient à stocker du carbone tout en préservant la qualité de l’eau et la biodiversité », conclut le président du GIEE.