Numérique : tout saisir pour ne pas ressaisir et ne pas être dessaisi

L’accompagnement numérique est un des axes stratégiques des Chambres d’agriculture. Il vise à ne laisser aucun agriculteur au bord du chemin numérique et à capitaliser sur ses bénéfices en termes réglementaire, technique, économique et environnemental. La plateforme MesParcelles agrège régulièrement de nouvelles fonctionnalités.

« Peu de gens le savent, mais les Chambres d’agriculture sont leader dans l’accompagnement numérique des agriculteurs grâce à la plateforme MesParcelles, qui totalise à ce jour plus de 40.000 utilisateurs », déclare Christophe Hillairet, secrétaire général de l’APCA et président de la Chambre d’Île-de-France. A l’occasion d’un webinaire, les Chambres d’agriculture ont fait un point sur leur implication dans l’univers du numérique et dont MesParcelles, né il y a 15 ans, est la pierre angulaire.

Au fil des ans, l’outil, qui répondait au départ à des obligations administratives et réglementaires, est devenu un assistant de gestion multi-tâches et multi-cibles. « En Pays de Loire, des agriculteurs se sont abonnés pour sécuriser leur démarche de certification HVE, déclare Carole Chevalier, responsable commerciale à la Chambre régionale. Au plan réglementaire, l’outil leur permet de sécuriser plusieurs points, dont la conditionnalité Pac, la directive nitrates, le plan prévisionnel de fumure, le cahier d’épandage ou encore le registre phyto, autant de points qui correspondent du reste au niveau 1 de la certification environnementale. Au plan technique, MesParcelles leur permet de suivre leurs itinéraires techniques, leur stratégie fertilisante et phytosanitaire, avec notamment l’édition de l’IFT, un des indicateurs de la HVE.  L’outil calcule enfin les coûts de production et les marges à la parcelle ».

Multi-tâches et multi-cibles

L’outil agrège régulièrement de nouvelles fonctionnalités, développées en interne sinon par des partenaires externes. L’application Keyfield de IOF en est une illustration. « Elle permet d’enregistrer automatiquement les applications phytosanitaires moyennant le scan préalable des bidons, explique Benoit Dumet, responsable innovation à la Chambre d’agriculture du Grand Est. L’appli est ensuite capable, grâce à la positon GPS, de tracer le déplacement du tracteur, sans avoir à ressaisir le parcellaire, avant d’afficher sur l’écran du smartphone son compte-rendu en fin de chantier, que l’utilisateur n’a plus qu’à valider pour le retrouver automatiquement enregistré sur le portail ».

L’interopérabilité entre l’appli et les consoles des tracteurs concentre toute l’attention des développeurs, afin d’automatiser au maximum les ordres et enregistrements de travaux. L’appli est d’ores-et-déjà opérationnelle avec les consoles de Fendt via le cloud et avec d’autres consoles Isobus. Une box et des boitiers accolés aux outils attelés permettent quant à eux d’enregistrer les différentes façons agricoles, avec reconnaissance automatique des matériels et des parcelles, là encore sans saisie aucune.

Le module Mes Sat’Images était jusqu’ici centré sur le pilotage de la fertilisation du blé et du colza, sur la base de capteurs, de modèles agronomiques et climatiques et d’information parcellaires. Les développements en cours laissent augurer des fonctionnalités dans la conduite des prairies (pousse de l’herbe, estimation de la qualité) ou encore en viticulture et en arboriculture sur des indicateurs des vigueur. La problématique carbone est à l’étude dans le secteur de l’élevage. L’intégration de modèles de prévision de maladies, en céréales et en viticulture, est aussi en développement.

Accompagner tous les agriculteurs

Si les Chambres visent l’exhaustivité en matière de services, elles veillent aussi à ne laisser aucun agriculteur à l’écart de la transition numérique. « C’est notre devoir d’organisme de conseil, appuie Christophe Hillairet. On se focalise sur toutes les applications susceptibles de générer de la valeur ajoutée ».

Dans le Grand Est, les Chambres sont impliquées dans le programme Ferme du futur. « On accompagne une cinquantaine d’exploitations sur la définition des outils numériques à mettre en œuvre, explique Maximin Charpentier, président de la Chambre régionale d’agriculture du Grand Est. Les enseignements de ce programme sont très positifs et seront remontés au niveau national pour éventuellement les décliner plus largement ».

Si la vocation des Chambres est d’être sur terrain, elles sont aussi impliquées en amont dans l’écosystème numérique agricole qui se construit brique après brique et qui vise à valoriser le maximum de données au service de la multi-performance des exploitations, avec deux valeurs cardinales que sont le respect de la propriété des données et le consentement éclairé des agriculteurs en matière de partage.