Pour faciliter les transitions, l’INAO assouplit (un peu) les cahiers des charges des AOP viticoles

Après l’intégration, sous conditions, des Variétés d’intérêt à fin d’adaptation (VIFA) dans les cahiers des vins à AOP, le dispositif d’évaluation des innovations (DEI) ouvre la voie à l’introduction, à des fins de tests et pour une durée donnée, à des pratiques culturales ou œnologiques innovantes, dans la limite de 5% des surfaces.

« Innover pour rester » : tel est l’un des axes forts de la stratégie d’adaptation au changement climatique dont s’est dotée la filière viticole à l’été 2021. « L’évolution des cahiers des charges se doit ainsi d’être plus réactive pour affronter les évolutions climatiques et intégrer les attentes sociétales, sans pour autant renier les fondamentaux des appellations », relève l’Institut national de l’origine et de la qualité (INAO).

Après les Variétés d’intérêt à fin d’adaptation...

En 2021, le Comité national des Appellations d’origine relatives aux vins et aux boissons alcoolisées, et des boissons spiritueuses (CNAOV) validait la directive dite VIFA (variétés d’intérêt à fin d’adaptation), permettant aux Organisations de défense et de gestion (ODG) qui le souhaitent d’introduire, à échelle restreinte, dans leurs cahiers des charges la possibilité d’essayer, moyennant un suivi précis, des cépages résistants aux maladies ou adaptés aux évolutions climatiques. Le cadre réglementaire instaure une limitation à 5% de l’encépagement de l’exploitation, sinon une incorporation dans les assemblages de vins commercialisés sous AOP réduite à 10% afin de limiter les modifications substantielles des caractéristiques. Une vingtaine de cahiers des charges ont mobilisé à ce jour cette option, selon l’INAO.

... les pratiques culturales et œnologiques innovantes

Le CNAOV vient de franchir une nouvelle étape, en approuvant la possibilité d’étendre ces démarches innovantes aux pratiques culturales ou œnologiques, qu’il sera possible d’introduire à des fins de tests, dans les cahiers des charges, à petite échelle et pour une durée donnée, le tout sous le contrôle d’un Dispositif d’évaluation des innovations (DEI) propre à chaque appellation. Comme pour les VIFA, la règle des 5% et 10% devrait prévaloir, ainsi que des clauses de revoyure et de réversibilité. Le cadre sera précisément défini dans une directive qui devrait être validée lors du Comité national du mois de juin 2023, après avis des comités régionaux (CRINAO). « Avec ce dispositif, l’INAO donne des outils aux ODG pour s’inscrire dans la viticulture du 21ème siècle » a déclaré Bernard Angelras, président du groupe de travail « scientifique, technique et innovations » du CNAOV.