Pourquoi cibler à ce point la filière bovine et à qui profitera ce crime ?

Dans un contexte de forte tension commerciale, comment interpréter les propos de la Cour des comptes qui tire à boulet rouge sur la filière bovine et du ministre de l'Économie, qui, a vertement dénigré les protéines animales ?

Conjoncture - Si tout le monde s'accorde sur la diminution du cheptel bovin, le marché de la viande est fortement perturbé par une distorsion de concurrence et une grande disparité des prix sur le marché européen. Bien que l'Allemagne connaisse une légère tendance à la hausse des vaches O et que le marché français se stabilise, des pays comme l'Espagne, l'Italie ou la Pologne continuent d'avoir des niveaux de valorisation bien inférieurs à nos réformes laitières, ce qui exerce une forte pression sur les prix du minerai et autres pièces importées. En ce moment, l'Espagne fait face à une affluence très importante dans les abattoirs en raison d'une sécheresse redoutable et précoce. La situation est encore plus marquée pour les jeunes bovins, avec un marché allemand en déroute. Le prix des JB R a une nouvelle fois chuté entre 4,53€ et 4,70€ selon les sources, inondant ainsi le marché européen avec la Pologne. Avec près de 14 000 JB abattus chaque semaine, l'Allemagne est un contributeur important en termes de viande.

Face à cette pression qui persiste, combien de temps le marché français peut-il résister ? Bien que la consommation soit en baisse en raison de tensions budgétaires, elle reste encore convenable avec des Français qui aiment la viande bovine. À chaque promotion, les ventes augmentent, mais ce qui est en jeu, c'est l'équilibre financier de toute la filière viande. Les distributeurs, sous couvert de défendre le pouvoir d'achat des consommateurs et encouragés par un gouvernement qui cherche à redorer son blason avec des paniers anti-inflation, menacent (si ce n'est pas déjà fait) de recourir à des produits d'importation à bas prix. Cette position est une remise en question de tout le travail effectué lors de l'élaboration de la loi Egalim2. Les éleveurs ont subi de réelles augmentations de charges, même si une légère baisse est en cours, notamment en ce qui concerne le prix des céréales. D'autres aliments tels que la pulpe de betterave ou tout autre aliment nécessitant de l'énergie pour leur fabrication restent à des tarifs élevés. Les éleveurs des autres pays de l'UE se trouvent dans la même situation, avec des revenus très variables en fonction du prix du lait et des installations de méthanisation ou photovoltaïques adjacentes à leur production.

Dans ce contexte de fortes tensions, comment interpréter les propos de la Cour des comptes et du ministre de l'Économie, qui, lors de l'inauguration d'une usine dédiée à la production de "viandes végétales", a vertement dénigré les protéines animales ? C'est en mettant en avant ce genre de discours, soutenu par une communication très en vogue sur ce segment de marché, que les promoteurs du "sans viande" gagnent la confiance des consommateurs. Les grandes manœuvres du végétal se poursuivent.

Du côté de l'industrie, la situation n'est pas plus rassurante, avec des volumes insuffisants pour rentabiliser les structures d'abattage, dont les charges ont également explosé. Le niveau des ventes nationales est en baisse face à la concurrence des importations. Cette situation engendre une forte tension avec les distributeurs, qui exercent une pression sur les prix, notamment sur le produit phare du marché : le steak haché.