Pratiquez-vous la monotraite dans votre élevage ?

Traire une fois par jour réduit le temps de travail et offre de la souplesse dans l’organisation. Certains ont eu recours à cette pratique pour limiter la production dernièrement. D’autres le font régulièrement en fin de lactation.

 

Anthony Gilmas, éleveur dans l’Orne

OUI

 

 

Dans mon système bio tout herbe avec 70 vaches à 4 800 litres en vêlage groupé au printemps, c’est intéressant de traire une seule fois par jour sur les trois derniers mois de lactation. Quel avantage en termes de temps de travail et de souplesse ! Je perds un peu de lait mais rien de dramatique. Je passe de 15 à 13 litres par jour, soit une baisse de 10 à 15 %. Mais c’est compensé par de meilleurs taux (1 point de TP et 1 à 2 points de TB). Sans compter les économies en eau et électricité. Voire même le coût salarial si vous employez de la main-d’œuvre. Pour maintenir le volume produit, j’ai fait un peu de croît de cheptel. Cette stratégie est cohérente en vêlages groupés. Mais du coup, ça implique de la rigueur côté repro. L’inconvénient, c’est la gestion des cellules. Chez moi, elles oscillent entre 300 et 400 000, sachant qu’elles sont déjà entre 200 et 300 000 quand je démarre la monotraite. À terme, j’envisage de passer en monotraite toute l’année, mais pas avant que tout le troupeau ne soit croisé car la Prim’Holstein n’est pas la race la plus adaptée.

Anthony Vasseur, éleveur dans la Sarthe

OUI

 

 

Je suis installé depuis trois ans et je n’imagine pas traire deux fois par jour toute ma carrière. Je suis passé en monotraite pour mes 40 vaches croisées en février dernier. Biolait nous a demandé de réduire la production de 5 % au printemps si on pouvait. Je pensais à la monotraite depuis un an déjà et j’en ai profité pour sauter le pas. Je suis seul sur l’exploitation et j’y vois une façon de réduire l’astreinte une partie de l’année, en particulier pendant les foins. Je fais une soixantaine d’hectares. Les vaches ont perdu moins d’état après le vêlage. Les pics de lactation sont atténués et la production se maintient plutôt bien. Je craignais une hausse des cellules, mais la situation reste maîtrisée car la situation initiale était saine. Par contre, je crains de ne pas pouvoir poursuivre à l’automne avec la montée des taux cellulaires en fin de lactation.

Angélique Tallotte, éleveuse en Meurthe-et-Moselle

NON

 © DR

Plus aujourd’hui, puisque nous sommes passés au robot. Par contre, nous avons expérimenté la monotraite il y a quelques années. Nous avons commencé par supprimer la traite du dimanche soir, avant de traire une fois par jour pendant un mois, un mois et demi durant l’été. Cela nous permettait de faire les foins plus sereinement et d’avoir une qualité de vie appréciable. D’autant plus que nos enfants étaient petits et que nous n’étions qu’à deux sur la ferme avec mon mari. Nous avons accepté une baisse de production, de l’ordre de 25 % environ. Malgré l’augmentation du taux cellulaire, nous n’avons jamais eu de pénalité comme nous avions moins de 150 000 cellules au départ. Les vêlages étaient groupés sur l’automne, les premiers commençaient fin août-début septembre. En général, nous avions donc surtout des fins de lactation en monotraite, mais il nous est arrivé d’avoir aussi quelques fraîches vêlées. Cela n’a pas posé de problème si ce n’est qu’elles exprimaient moins le pic. On avait quelques appréhensions avant de se lancer, mais finalement les vaches s’adaptent plus facilement que les éleveurs !

La monotraite pour gagner en souplesse d'organisation