La volaille affiche une belle croissance… en grande partie grâce aux importations

La filière volaille témoigne d'une croissance significative de la consommation mais cette dynamique est confrontée à une concurrence étrangère croissante, mettant en lumière les défis de transparence et de traçabilité françaises dans l'industrie alimentaire, tant en grande distribution que dans la restauration.

Chapon, poulet, coquelet, caille… la France est l’un des seuls pays au monde à élever huit espèces différentes avec quatre modes d’élevages distincts (standards, certification conformité produit, Label Rouge et bio). Selon l’interprofession volaille de chair, ANVOL, la filière connaît une hausse de la croissance de la consommation dans le pays en 2023 : +3,6 kg (domicile et hors domicile) par rapport à 2022. Toujours selon les chiffres de l'interprofession, la consommation par habitant et par an serait de 28,8 kg, dont 23 kg uniquement de poulet ! Un engouement qui s’explique en partie grâce aux qualités nutritionnelles de la viande et à son prix moindre par rapport à la viande rouge. 

L'exception française qui se fait concurrencer 

Mais l’interprofession alerte : ces chiffres encourageants, malgré deux ans d’influenza aviaire, ne sont pas portés par la filière française, mais par les importations à bas coût : +3,2 % par rapport à 2022. Une concurrence difficile à tenir. Rappelons que la taille des élevages français est 4 à 5 fois plus petite que celle des élevages des voisins européens. Quant aux exportations françaises, le déficit de la balance commerciale se creuse : - 8,4 % en un an. En résumé, 44 % des volailles consommées en France sont importées. C’est pourquoi ANVOL demande l’arrêt des négociations commerciales avec le Mercosur et la limitation des importations venant d’Ukraine en mettant en place une clause de sauvegarde passant de 200 000 tonnes d’importations à 90 000 tonnes. Surtout, les acteurs de la filière réclament l’arrêt des importations de volailles dont la production serait interdite en France. 

Comment expliquer cette concurrence ? Tout simplement parce que les demandes des Français augmentent toujours plus, avec une volonté de prix de plus en plus bas. De plus, le consommateur est limité s’il souhaite favoriser la viande française, outre le logo bleu blanc rouge volaille française. Peu d’outils d'identification sont à disposition.

De grosses lacunes sur l'étiquetage 

La part de la consommation hors domicile augmente considérablement : 35 % en 2023 contre 8 % en 2005 et les restaurants spécialisés dans la volaille fleurissent sur le territoire : Popeyes, PB Poulet Braisé, sans compter la fast et la street food qui proposent un large choix à base de volaille, en grande majorité importée, avec en particulier pour le poulet, des filets, des cuisses et des préparations.

Mis à part quelques établissements qui affichent fièrement l’origine de la viande et en ont fait leur marque de fabrique, la plupart du temps, le consommateur n’a pas idée de la provenance de la volaille. 

Pas mieux du côté de la viande crue

Concernant la volaille proposée dans les GMS, l’étiquetage est confus. Bien qu’obligatoire sur la viande crue, le décryptage apposé sur la viande n’est pas très clair. Il est parfois indiqué UE ou Non UE. Parfois, les deux UE/NonEU sont apposés, autrement dit la volaille peut venir du monde entier. Parfois des origines plus précises sont inscrites sur l’emballage des produits (la plupart du temps, les moins chers) tels “Danemark” ou encore “Iles Cook”. Le client est-il en mesure de connaître les conditions d’élevage et d’abattage de ces pays ? Le consommateur n’a pas non plus de renseignements sur l’alimentation de l’animal.

Aliments transformés, oubliez l’origine de la viande

Rien n’oblige un industriel à préciser l’origine de la volaille pour la vente d’un aliment transformé qui englobe aussi bien des pâtes au poulet par exemple que de simples morceaux de viande crue marinés. La définition est large, les origines aussi ! C’est pourquoi l’Anvol demande une meilleure traçabilité sur l’ensemble des produits de la volaille.

Quelles actions mises en œuvre par la filière française ?

La part des produits sous signes de qualité (bio et Label Rouge) dans la production globale des poulets de France perd des points : - 1 pour pour les poulets Label Rouge. Le bio, qui représentait 2 % de la production globale en France en 2021, passe à 1 % en 2023. Sans surprise, la part des poulets standards, bien moins chers, progresse de 2 points et représente 72 % de la production en 2023, contre 67 % en 2021. La filière volaille voit dans cette progression des poulets standards un nouveau marché en expansion et souhaite développer ce type de poulet pourtant très concurrencé par les importations.