Prophylaxie de l’IBR en Creuse : quel bilan et quelles perspectives

Eradication de l’IBR : Initié en 1996, le plan d’éradication de l’IBR en Creuse touche à sa fin. La Loi de Santé Animale européenne (LSA), applicable depuis le 21 avril 2021, fixe l’objectif final à 2027, notre département est idéalement placé pour y parvenir.

 

La gestion de l’IBR en France en plusieurs étapes, des débuts volontaires…

En 1994, des éleveurs tchèques sont venus en France acheter des bovins reproducteurs de race à viande provenant de cheptels indemnes d’IBR. Le constat réalisé à l’époque était que seulement 43 départements possédaient un système de garanties et qu’il n’était pas le même partout. Pour apporter une solution à ce problème, l’Association pour la Certification de la Santé Animale en Elevage (ACERSA) a été créée le 18 avril 1996. Son objectif, créer un cahier des charges national permettant à tous les départements de qualifier des cheptels avec le même niveau de garantie. Ce dispositif était alors proposé à tous les élevages volontaires.

… un encadrement législatif progressif…

En 2001, l’IBR a été reconnu vice rédhibitoire et les garanties proposées dans le cadre du dispositif ACERSA ont été reconnues par arrêté ministériel. Devant l’extension du dépistage dans les départements, en 2006 un nouvel arrêté ministériel a instauré une surveillance généralisée à l’introduction et sur les prophylaxies, ainsi qu’une vaccination obligatoire des animaux positifs. 12 % des cheptels français étaient encore confrontés à la maladie. Grâce à ces mesures, le taux de positivité des cheptels a commencé à baisser, passant à 8 % en 2016.

… et un objectif final d’éradication

En parallèle, tous les pays européens avaient mis en place des programmes d’assainissement de l’IBR et les contraintes aux échanges devenaient de plus en plus importantes. C’est pourquoi l’arrêté ministériel du 31 mai 2016 a fixé comme objectif l’éradication de la maladie en France, anticipant les exigences de la LSA. L’impact a été immédiat, la prévalence troupeau baissant à 2,5 % dès 2020 au niveau national.

Une dynamique creusoise parallèle, bien que plus favorable

Une situation creusoise favorable avec 98 % de cheptels « indemne d’IBR » …

puisque des dérogations au contrôle IBR à l’introduction sont alors possibles, si les bovins sont issus de troupeaux indemnes d’IBR avec un transport direct. 9.753 bovins en ont bénéficié sur la campagne, soit 70 % des animaux introduits en élevage. Rappelons que la dérogation ne concerne que l’IBR et qu’il est nécessaire de rester vigilant vis à vis d’autres maladies (BVD, paratuberculose, néosporose, besnoitiose…) avec une prise en charge de 50 % des frais d’analyses pertinentes dans le cadre du billet de garantie conventionnelle.

… et très peu de cheptels détenant des animaux infectés

Il ne reste plus que 8 cheptels détenant plusieurs animaux positifs IBR en Creuse. Ces animaux doivent être régulièrement vaccinés pour limiter la ré-excrétion du virus. Si nous n’avons pas observé de contamination de cheptel indemne, nous avons enregistré dans 20 % des élevages avec des positifs connus l’apparition de nouveaux animaux contaminés. Cela vient rappeler que la vaccination est un outil intéressant mais la seule solution fiable à long terme est la réforme de tous les animaux positifs d’un cheptel. Par ailleurs, un seul bovin positif a été découvert dans 3 cheptels indemnes cette année. Un bovin est conclu positif s’il réagit à 3 tests différents consécutivement, cette amélioration technique a permis de limiter les résultats positifs isolés dans les cheptels mais comme pour toute analyse, il peut y avoir des positivités liées à des réactions croisées avec d’autres herpes virus. Si cet animal ayant réagi est éliminé rapidement, les cheptels retrouvent leur appellation « indemne d’IBR » après réalisation d’une seule prophylaxie favorable.

Des élevages statués non conformes pour défaut de réalisation de prophylaxie

La campagne de prophylaxie 2020/2021 s’est achevée le 31 mai 2021 et la période estivale est consacrée au suivi des élevages n’ayant pas terminé leur prophylaxie, en concertation avec les services de la DDETSPP. Même si cela reste marginal, les cheptels n’ayant pas fini leur prophylaxie ont été déqualifiés et leur statut devient « non conforme ». Leurs ASDA portent la mention « positif IBR », ils ne peuvent commercialiser leurs animaux que vers l’abattoir et ils devront réaliser une campagne de prophylaxie sur les animaux de plus de 12 mois pour lever cette non-conformité.

Une vigilance qui reste nécessaire, surtout lors de mouvements d’animaux avec un isolement impératif

Si un bovin introduit a été en contact avec des animaux sans garantie IBR (passage par un centre de rassemblement, livraison groupée, retour de marché au cadran…), l’animal est à isoler et à contrôler par une prise de sang pour analyse IBR entre 15 et 30 jours. Une réflexion est en cours avec les opérateurs commerciaux afin de leur rappeler la nécessaire séparation des circuits et de définir les modalités pratiques de mise en place. Pour les rassemblements avec garantie (concours, comices…), le risque IBR est alors maitrisé mais l’isolement reste là aussi nécessaire pour les autres maladies (BVD, grippe).

Des cheptels « indemne d’IBR », pour un bénéfice individuel et collectif

Au niveau individuel, un cheptel « indemne d’IBR » vous permet de bénéficier d’avantages pour la commercialisation et, au niveau collectif, notre situation creusoise nous place dans une situation très favorable dans l’optique de l’application de la LSA pour la prochaine campagne. Les mesures seront détaillées dans l’article de présentation de la campagne de prophylaxie 2021/2022. Pour finaliser cette éradication, nous sensibilisons chaque éleveur détenant des bovins positifs et restons très attentifs aux bovins ayant transité par des rassemblements ou allotements.  Nous mettons à disposition des outils : formulaire de demande de dérogation, billet de garantie conventionnelle, étiquettes « Bovin non dépisté IBR » et « Bovin positif IBR » à coller sur les ASDA, marquage « Positif IBR » des ASDA. Notre engagement est également financier (mutualisation des coûts d’analyses, aide à la vaccination…). Le « J’apporte des garanties » reste un point majeur de notre concept « Le sanitaire… j’adhère ! ». Pour tout renseignement complémentaire, contactez votre vétérinaire sanitaire, la DDETSPP ou nous-mêmes.

Dr Boris BOUBET – Christophe LE MAUX – GDS Creuse – www.gdscreuse.fr