Qu'attendre des biostimulants apportés sur les semences de maïs ?

L’arrivée de nouveaux produits qualifiés de « biostimulants », en particulier leur utilisation croissante sur les semences, s’accompagne de leur évaluation par les instituts techniques. Ces travaux sont évoqués par Brigitte Escale, spécialiste en physiologie du maïs chez Arvalis.

Perspectives Agricoles : Qu’est-ce qu’un biostimulant ?
Brigitte Escale : Un biostimulant des végétaux est défini par sa fonction et non par sa composition. Pour revendiquer ce terme, un produit doit stimuler les processus de nutrition, indépendamment des éléments nutritifs qu’il contient, dans le seul but d’améliorer au moins un des critères suivants : l’efficacité d’utilisation des éléments nutritifs, la tolérance aux stress abiotiques, les caractéristiques qualitatives et/ou la disponibilité des éléments nutritifs confinés dans le sol et la rhizosphère. En pratique, pour des apports sur la semence, les principales allégations portent sur une meilleure croissance des plantes : levée plus rapide et plus homogène, amélioration du développement racinaire ou encore augmentation de la vigueur et de la surface foliaire. L’amélioration du rendement qui résulterait de la seule efficacité du biostimulant est peu citée dans les arguments commerciaux, où il est plus souvent question de sécurisation du potentiel.

P. A. : Quels sont les types de produits disponibles sur le marché ?
B. E. : Il existe plusieurs catégories de biostimulants, dont les mécanismes d’action sont très variés, comme les micro-organismes, les extraits végétaux et d’algues ou les macromolécules organiques. Des oligoéléments ou des fongicides avec « effet biostimulant » sont aussi proposés. La réglementation française actuelle considère les biostimulants comme des « matières fertilisantes et supports de culture ». Une AMM - autorisation de mise sur le marché - délivrée par l’ANSES est nécessaire pour ces produits. Le dossier d’évaluation porte entre autres sur leur efficacité. L’obtention de l’AMM est également possible par « reconnaissance mutuelle » au sein de l’Union européenne ; ce qui est le plus souvent le cas, or les règles d’approbation varient fortement selon les États-membres. Une autre catégorie de produits se distingue, celle des « substances naturelles à usages biostimulants » (SNUB) dispensées d’AMM ; elles sont listées dans un arrêté ministériel qui regroupe principalement des plantes médicinales. Une nouvelle réglementation européenne (CE 2019/1009), qui entrera en application en juillet 2022, devrait harmoniser et normaliser ce marché des biostimulants.

P. A. : Comment ces biostimulants ont-ils été évalués par Arvalis ?
B. E. : Afin de comparer les produits « toute chose égale par ailleurs », les équipes d’Arvalis ont réalisé sept essais en 2019 et 2020 en utilisant huit produits proches de ceux proposés par les semenciers, sur des variétés de maïs grain ou fourrage adaptées au lieu de l’essai. Les modalités de chaque essai sont issues du même lot de semences, chacune ayant reçu, en plus d’un même traitement fongicide de base, un des biostimulants testés. Ces modalités ont été comparées à deux témoins, un avec le traitement de semence fongicide seul, l’autre avec ce même traitement associé à un engrais starter. Pour les quatre sites d’essais, en conditions pédoclimatiques diverses, aucun écart n’a été mesuré entre le témoin ayant reçu le fongicide seul et les huit produits testés, que ce soit sur la vitesse et le taux de levée, la précocité, la vigueur au départ ou encore la teneur en chlorophylle. Aucun effet sur le rendement n’a également été mis en évidence. La modalité témoin avec engrais starter ressort significativement différente, sur les stades foliaires (+ 0,5 feuille), la vigueur (+ 1 point) et la précocité à floraison (-2,5 jours). Ces premiers essais ne se traduisent donc pas en avantage qui compenserait le coût supplémentaire des traitements de semences biostimulants - entre 15 et 30 €/ha. Afin de préciser ces résultats, d’autres essais seront conduits en 2021.