Quelles cultures implanter après des betteraves traitées aux néonicotinoïdes ?

Selon l’Anses, le blé, l’orge ou encore l’avoine peuvent être implantés l’année suivante, sans présenter de risque pour les pollinisateurs. Le maïs et la pomme de terre peuvent être réintroduits en année N+2. Le colza, le tournesol, le pois et les cultures fourragères et légumières mellifères doivent attendre l’année N+3.

La possibilité de semer des semences de betteraves traitées aux néonicotinoïdes (imidaclopride ou thiaméthoxame) pour les campagnes 2021-2023 n’est en rien un blanc-seing dénué de contreparties. Pour appuyer sa requête à l’automne dernier, la filière avait elle-même érigé des garde-fous destinés à limiter et à cibler l’usage des semences traitées, tout en mettant en œuvre des mesures de compensation, avec en point d’orgue l’implantation de 4.000 ha de cultures mellifères.

Si la betterave sucrière n’est pas une plante mellifère, les néonicotinoïdes ont été identifiés comme pouvant avoir des effets sur les pollinisateurs butinant les cultures suivantes, sans compter les adventices en fleur dans le champ, les plantes en bordure de champ et les cultures adjacentes. C’est à ce titre que l'Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) a été sollicitée afin de recommander les cultures pouvant succéder aux betteraves traitées et présentant le moins de risques.

Années N+1, N+2, N+3

En année N+1, c’est à dire à la suite d’une betterave dont les semences ont été traités avec un néonicotinoïde, l’Anses estime que les cultures suivantes présentent un faible risque : avoine, blé, choux, cultures fourragères non attractives, cultures légumières non attractives, endive, fétuque semences, moha, oignon, orge, ray-grass et seigle. S’agissant des cultures intermédiaires après la culture suivante, l’Anses recommande de limiter l’implantation à des cultures peu attractives pour les abeilles et les autres pollinisateurs, sinon d’éviter les floraisons ou de recourir à une destruction avant floraison.

Pour être considérées comme étant à faibles risques, certaines cultures doivent attendre l’année N+2 avant d’être introduites sur les parcelles concernées. Il s’agit du chanvre, du maïs et du pavot œillette. Quant au colza, aux cultures fourragères et légumières mellifères, à la féverole, au lin fibre, à la luzerne, à la moutarde tardive, à la phacélie, au pois fourrager, à la pomme de terre, au radis, au tournesol, à trèfle et à la vesce, l’Anses recommande d’attendre l’année N+3 avant leur implantation sur les parcelles ayant reçu de la betterave traitée avec un néonicotinoïde.

Indicateur de risque

Pour fonder ses recommandations, l’Anses s’est appuyée sur les évaluations de risques et données de surveillance pour les oiseaux et insectes pollinisateurs pour les substances actives imidaclopride et thiaméthoxame. Cependant, s’agissant de l’identification des cultures pouvant être implantées suite à une culture de betteraves dont les semences ont été traitées avec de l’imidaclopride ou du thiaméthoxame, l’agence sanitaire ne disposait pas d’études d’évaluation de risques pour les abeilles domestiques, bourdons et abeilles solitaires. Elle a ainsi fait appel à un indicateur de risque, proposé par l’Institut technique et scientifique de l’apiculture et de la pollinisation (ITSAP). Basé sur la probabilité d’exposition, l’indicateur prend en compte l’attractivité des cultures (rotation + interculture) et la probabilité de rémanence dans les sols en fonction du positionnement dans la rotation des betteraves sucrières traitées.

Le cas de oiseaux

Pour les oiseaux, les évaluations de risque permettent de conclure que l’utilisation des produits phytopharmaceutiques contenant de l’imidaclopride ou du thiaméthoxame dans les conditions d’utilisation proposées ne présente pas d’effet inacceptable sur les oiseaux suite à une exposition via la consommation de semences de betteraves traitées (enrobées) et via la consommation des jeunes pousses issues des semences traitées. L’Anses recommande néanmoins de s’assurer que les semences traitées sont entièrement incorporées dans le sol, et notamment en bout de sillons. L’agence recommande également de récupérer les semences qui se seraient accidentellement répandues sur le sol.