Recyclage des plastiques agricoles : une réussite française

Pour ses 20 ans, A.D.I.Valor s’offre une vitrine grand format sur le salon de l’agriculture. L’occasion d’expliquer au grand public le fonctionnement de cette filière complexe, dont la réussite repose sur la responsabilité de chacun de ses acteurs, à commencer par les agriculteurs.

Créée en 2001, A.D.I.Valor, la structure en charge de la collecte et du recyclage des plastiques agricoles, a soufflé sa vingtième bougie l’année dernière. Situation sanitaire oblige, c’est bien lors de l’édition 2022 du Salon de l’agriculture (SIA) que les festivités auront lieu pour marquer ces 20 ans d’existence. Pour communiquer auprès du grand public sur l’engagement des agriculteurs et des structures qui collectent les plastiques chaque année, A.D.I.Valor a fait appel au photographe Didier Michalet. « Il a réalisé 30 portraits d’acteurs du recyclage des plastiques agricoles. Ils seront exposés au SIA sur sept cubes géants. Quatre seront positionnés dans l’allée centrale et trois dans le hall 4 », a dévoilé Pierre de Lepinau, directeur général d’A.D.I.Valor, lors d’une journée presse dans le Maine-et-Loire le 26 janvier.

Des pratiques bien ancrées dans le quotidien

Toujours lors du SIA, les visiteurs pourront découvrir le fonctionnement de la filière du recyclage des plastiques agricoles sur le stand d’A.D.I.Valor. Les chiffres 2020 parlent d’eux même : ce sont aujourd’hui 300.000 agriculteurs qui prennent le temps de collecter et stocker leur déchets plastiques afin qu’ils soient recyclés, soit la quasi-totalité des actifs agricoles. Grâce à cette implication et au système français de tri à la source des déchets en flux séparés, ce sont près de 90% de ces plastiques qui sont recyclés.

En France, près de 90% des plastiques agricoles sont recyclés (crédits photo : Usine Suez).

« Depuis 20 ans, nous leur avons progressivement demandé de trier de mieux en mieux », souligne Pierre de Lepinau. La collecte est également permise par les 1200 structures de proximité, coopératives et négoces, mais aussi certaines chambres d’agriculture, voir même des grosses structures maraîchères, qui travaillent avec A.D.I.Valor afin de regrouper les plastiques usagés des agriculteurs. « C’est une responsabilité partagée », insiste le directeur de la structure. Il explique que c’est ce fonctionnement en filière avec intégration du coût de recyclage dans le prix des produits via l’écocontribution qui permet l’excellence du système français. Pierre de Lepinau estime que le traitement des plastiques usagers coûte en moyenne de 100 à 150€/an pour les exploitants via cette écocontribution, contre plus de 300€/an si chacun devait souscrire une prestation de transport pour évacuer les plastiques de manière individuelle.

L'intégration du coût de recyclage dans le prix des produits via l’écocontribution permet l’excellence du système français (crédits photo : Usine Suez).

Un virage en 2018

Le marché du plastique recyclé a subi une profonde transformation en 2018. À cette période, la Chine, qui achetait une grande majorité des plastiques mondiaux usagés propres, a stoppé ses importations en six mois de temps. Les pays occidentaux ont alors dû faire face à des quantités de plastiques à recycler très importantes, sans avoir les capacités industrielles adéquates. Une situation d’autant plus compliquée pour les plastiques agricoles sales et donc peu rentables à recycler. Depuis cette épisode déstructurant, A.D.I.Valor travaille avec ses partenaires industriels pour renforcer les capacités de recyclage en France et en Europe.

En 2022, la première usine mondiale de recyclage de filets agricoles ouvrira à Argentan dans l’Orne. En 2023 ce ne sont pas moins de cinq nouvelles unités de recyclage qui ouvriront, dont quatre en France et une aux Pays-Bas, pour une capacité de traitement de 40 000 t/an. « Actuellement, nous pourrions produire le double et tout serait vendu. Il y a des prospects qui viennent taper à la porte mais surtout nos clients historiques qui augmentent leur volume », confie Yann Menigaud, directeur de l’usine SUEZ RV Plastiques Ouest à Orée d’Anjou dans le Maine-et-Loire. Cette unité recycle près de 20 000 t de matière plastique agricole chaque année sur deux chaînes de production.

Plastique recyclé sur le site de l’usine SUEZ RV Plastiques Ouest à Orée d’Anjou dans le Maine-et-Loire (crédits photo : Usine Suez).

Si les volumes ne sont pas un problème, le cours du plastique secoue régulièrement toute la filière de recyclage. Intimement lié au prix du pétrole, il a obligé l’usine d’Orée d’Anjou à vendre à perte lors du confinement lorsque le baril de brut est descendu au plus bas. La loi Agec, entrée en vigueur au 1er janvier 2022, fixe des objectifs en terme d’utilisation d’emballages réemployés. Elle devrait permettre de stabiliser dans la durée le prix du plastique recyclé.