[Retour d'expérience] Elever des ovins en plein air et sans terre

Samuel Foubert a fait le choix d'élever ses brebis en plein air pour des raisons d'optimisation de son temps et de ses ressources mais également pour le bien-être de ses bêtes. Il pratique alors le pâturage des couverts végétaux et du blé chez des céréaliers.

Présentation

  • Nom Prénom : Samuel Foubert.
  • Localisation : Hauville, dans l'Eure (27).
  • Statut : Double actif. Je suis chauffeur dans les travaux public et éleveur de brebis sur mon temps libre.
  • Exploitation : En nom propre.
  • Production : Brebis (viande).
  • Taille du troupeau : 60.
  • Commercialisation : Vente directe de caissettes aux particuliers. L'abattage, la découpe et la mise sous vide se font à l'abattoir.
  • Co-créateur et administrateur du groupe Facebook Ovins des plaines, pâturage des couverts et des céréales.

Motivations

Je vis dans une région céréalière, il y a donc beaucoup de couverts végétaux disponibles. Ne voyant pas l'intérêt d'enfermer mes brebis, j'ai pris le parti de choisir une race rustique et de les élever en plein air toute l'année. Cette façon de faire m'épargne beaucoup de temps et m'évite pas mal de frais. Je suis double actif et dès ma journée de travail terminée, je m'occupe des bêtes. Mon troupeau étant quasi-autonome, j'arrive à concilier ces 2 activités. A terme, si le revenu le permet, je souhaite me consacrer à 100% à mon activité d'éleveur.

Étapes de mise en place

Précédemment j'élevais des chèvres, mais comme ce n'était pas une activité suffisamment rentable (je ne me situe pas dans une région d'amateurs de viande de chèvre et je ne produisais pas de lait), j'ai basculé en 2017 vers l'élevage de brebis. J'ai conservé quelques chèvres qui me permettent de débroussailler les terres sur lesquelles je vais faire pâturer mes brebis.

En 2017, j'ai commencé avec 30 bêtes et cette année (2021) j'en élève 60. Comme je me situe dans une région céréalière, il y a beaucoup de couverts végétaux à disposition, j'ai donc décidé de faire pâturer mes brebis toute l'année en extérieur.

Au printemps 2021, j'ai testé le pâturage des blés chez un voisin céréalier, en vue de les déprimer. Au vu des très bons résultats, je prévois d'élargir cette méthode avec d'autres céréaliers et sur d'autres cultures, tel que le lin, à titre expérimental.

Choix de la race ovine

Mes bêtes passant 100% de leur temps en extérieur, j'ai dû m'orienter vers une race rustique. Mon choix s'est porté sur la race Roussin de la Hague qui présente l'avantage d'être une race d'herbage bien adaptée aux pluies et au vent et qui est peu exigeante, tirant bien parti des zones pauvres comme des riches pâturages. C'est une brebis très facile à mener, calme, demandant peu de soins et une alimentation modérée.

Il est important de choisir des brebis qui sont habituées au plein air et qui ont des pattes solides car en cas de terrain très humides, elles peuvent s'enfoncer jusqu'au genou et ça peut engendrer des boiteries si les pattes sont trop fragiles.

Le pâturage

N'ayant pas suffisamment de terre pour garder mes brebis toute l'année sur la ferme et ne souhaitant ni les enfermer, ni les nourrir avec des granulés, je dois leur trouver des terres à pâturer dans mon entourage plus ou moins proche.

Grâce au pâturage chez des agriculteurs qu'ils soient céréaliers ou arboriculteurs, j'arrive à nourrir mes brebis toute l'année en procédant à ce bon échange de procédés : entretien des parcelles contre nourriture.

En grandes cultures

Les couverts végétaux

De l'automne jusqu’à fin janvier début février. Le pâturage des couverts végétaux représente la plus grande source d'alimentation du troupeau. J'ai actuellement 30 ha à disposition chez un céréalier et c'est beaucoup pour 60 bêtes, elles n'arriveront probablement pas à tout manger.

Grâce au système de clôturage embarqué sur mon quad, en 1h les paddocks sont délimités.

Le blé

En février 2021, j'ai testé chez un voisin céréalier le déprimage du blé. Et je dois avouer qu'au lendemain matin de la 1ère journée, quand j'y suis retourné c'est moi qui était déprimé! Il a plu 13mm pendant la nuit, si bien qu'au matin la parcelle était un champ de boue, on ne voyait plus le blé. J'ai alors appelé mon voisin qui m'a tout de suite rassuré en me disant que le blé allait repartir. Au final c'est sur cette parcelle que les blés ont été les plus beaux et les moins sales ! Il ne faut donc pas avoir peur du 1er coup d'œil.

Le rendement a été moins bon que sur ses parcelles non pâturées, mais sa marge a été meilleure car il n'a pas eu à désherber car les adventices sont prélevées par les brebis, ni à faire un passage d'insecticide et de fongicide car les feuilles atteintes sont supprimées. Il a juste fait un passage de lisier et un d’azote. Son objectif de supprimer les phytos en vue de passer en bio est atteint.

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