Richard Taillardat et Mathieu Chevalier : la réussite par l’exemple

Près de 20 % des exploitants agricoles du département de l’Allier pourraient prétendre à leurs droits à la retraite dans les quatre prochaines années. À ce jour, seuls 65 % d’entre eux sont remplacés. Mise en lumière d’une transmission réussie sur la commune du Breuil.

Dans l’Allier, d’ici à 2026, ils seront plus de mille agriculteurs à prendre leur retraite. Un chiffre qui représente 20% des effectifs du département. Pourtant, seulement 65% des exploitations trouvent un repreneur aujourd’hui. Un constat qui conduit à relever le défi de la transmission dans les meilleures conditions possibles. Mickaël Randoin, président de la commission entreprise à la Chambre d’agriculture de l’Allier appuie sur le fait que « sans de bonnes transmissions de bonnes exploitations, nous ne pourrons pas relever le défi du renouvellement des générations. Si dans la vie d’un agriculteur, l’installation est un moment très important, la cessation d’activité en est un autre tout aussi important. Lorsqu’elle se fait en famille, les « affaires » sont beaucoup plus simples mais les transmissions familiales ne sont pas toujours une généralité.  Céder son exploitation à un jeune qui n’est pas issu du berceau familial doit se préparer, se travailler et s’anticiper pour favoriser la concrétisation d’un projet gagnant, gagnant ».

Une exploitation fonctionnelle

Le domaine de Larrat, situé sur la commune du Breuil, s’étend sur 110 ha. Il est exploité par Richard Taillardat, éleveur de 85 vaches allaitantes de race charolaise. Associé depuis 1998 au sein de l’EARL de la Noyeraie, avec son épouse, Régine, Richard a pris la suite de son père, René, sur l’exploitation familiale en 1990 : « je me suis installé à l’âge de 28 ans après divers autres emplois dont celui de chauffeur chez Sicagieb, à Montbeugny ». Larrat est désormais une exploitation fonctionnelle, disposant de bâtiments modernes et adaptés pour l’élevage bovin.

Un accompagnement par la Chambre d’agriculture de l’Allier

Papa de trois enfants, aucun d’entre eux n’a souhaité reprendre le flambeau de l’aventure familiale. À cela s’ajoutent quelques ennuis de santé qui ont finalement conduit Richard à vouloir céder son exploitation dans les meilleures conditions. Pour y parvenir, il s’est rapproché de la Chambre d’agriculture de l’Allier : « dès mes 55 ans, je me suis préoccupé de la question. A l’automne 2019, j’ai alors participé à une journée technique sur la transmission en agriculture organisée par la Chambre d’agriculture de l’Allier, « les mardis de la transmission ». Par la suite, j’ai pu prétendre au dispositif « accompagnement concrétisation- transmission » qui consiste à établir un diagnostic mettant en évidence les points forts mais aussi ceux auxquels il faut être vigilant pour le futur repreneur. Viennent ensuite les conseils et l’accompagnement par des conseillers dans les différentes démarches à engager comme, par exemple, le plan d’action et de détermination d’un calendrier contenant les objectifs à atteindre tout au long du parcours ».

Un repreneur motivé

L’étape incontournable étant la recherche d’un repreneur. Pour le trouver, Richard a publié dès juillet 2020 une annonce sur le site internet rdi.com qui va de paire avec une inscription obligatoire de son exploitation au répertoire départ installation géré par les services de la Chambre d’agriculture de l’Allier. « Des démarches qui se font en parallèle à un audit-transmission qui permettra de dégager les valeurs possibles de l’exploitation mais aussi de définir l’objet de cette transmission » précise Paul Abouling, conseiller du service entreprise de la Chambre d’agriculture de l’Allier.

C’est finalement au cours de l’automne 2020 que Richard Taillardat reçoit la candidature de Mathieu Chevalier : « Ce jeune a particulièrement retenu mon attention. Il habite à proximité de l’exploitation. Fils d’un exploitant agricole de la région, il m’a semblé très motivé par son projet d’installation ».

Un stage test

Mathieu Chevalier a pris un véritable virage dans sa vie professionnelle : « J’étais jusqu’alors employé dans une entreprise de travaux publics. Une période que je ne regrette pas et qui me servira. J’ai pu ainsi voir autre chose, me confronter à d’autres réalités. Après mûre réflexion, j’ai décidé de me lancer dans l’agriculture et l’élevage. Cette exploitation est très proche de chez moi, c’était donc une opportunité à saisir. Avant de pouvoir la reprendre, j’ai effectué un stage test installation-transmission de janvier à novembre 2021. L’occasion, pour moi, d’avoir une réelle expérience de terrain et de mieux connaitre l’exploitation à laquelle je prétendais mais aussi d’échanger avec Richard sur ses pratiques d’élevage ». Une période pendant laquelle Richard Taillardat a véritablement pu saisir la démarche, le projet d’installation de Mathieu : « ce stage est, il me semble, indispensable, non seulement pour lui mais aussi pour moi. J’ai été rassuré sur le fait que nous nous connaissons mieux désormais et je sais que mon exploitation est désormais entre de bonnes mains ! ».

Mathieu est désormais installé au domaine de Larrat depuis le 1er octobre dernier.

« La preuve qu’une transmission et une installation hors cadre familial bien préparée conduisent à la réussite. Ça coule de source ! » conclut Mickaël Randoin.