Rôle du bocage : mares et haies retiennent l’eau dans les parcelles

Sur le bassin de l’Authion, à l’Est d’Angers, dans le Maine-et-Loire, les haies et les mares sont pensées comme des ralentisseurs d’eau afin de garder la précieuse ressource dans les parcelles agricoles. Des actions sont mises en œuvres pour restaurer ses infrastructures largement arrachées ou abandonnées durant les dernières décennies.

En 2023, ce ne sont pas moins de 10 mares et 15 km de haies qui ont été financés par le syndicat mixte du bassin de l’Authion et de ses affluents (SMBAA) sur les 1497 km² que couvre la structure en Anjou. Une journée d’animation était organisée le 30 novembre à Saint-Mathurin-sur-Loire pour échanger avec les agriculteurs sur les avantages de ces deux infrastructures pour freiner l’eau dans les parcelles agricoles. « Avec le drainage, nous asséchons nos territoires. Aujourd’hui nous perdons 70% de l’eau qui tombe sur le sol. L’objectif est d’inverser complètement la tendance pour garder 70% de cette eau », attaque Armelle Vinet, en charge de la partie haie et agroforesterie à la Chambre d’agriculture des Pays de la Loire, l’un des maîtres d’œuvres du SMBAA pour la plantation de haies.

"La haie capte, ralentit et épure l’eau"

Lors de cette intervention, la conseillère a rappelé l’importance majeure du système racinaire des haies, trop souvent oublié au profit du rôle non moins important que joue le houppier. « La haie capte, ralentit et épure l’eau, notamment sur un territoire pentu comme celui où nous nous situons », assure-t-elle, tout en regrettant que les premières haies à avoir été arrachées ici sont celles situées en milieu de pente, soit celles ralentissaient le plus l’eau. Armelle Vinet pointe également l’importance du maillage entre les haies, les tétards, les alignements boisés ou encore les arbres isolés. « C’est ce maillage qui permet d’emmener lentement l’eau en profondeur », assure-t-elle.

L’entretien des haies et des arbres tétards avec une pince-scie nécessite un savoir-faire important. © TD

Valoriser les haies

Le point d’orgue de la journée d’animation était la démonstration d’entretien des arbres têtards de la parcelle à l’aide d’une pelle équipée d’une pince-scie avec guide de tronçonnage. C’est la Scic Maine-et-Loire Bois Energie et son prestataire, l’entreprise Bouchet, qui réalisaient cette démonstration. « La structure a été créée en 2012 pour trouver une valorisation économique aux haies bocagères. Nous organisons des chantiers clé en main de taille et de broyage pour les agriculteurs. Leur rôle est d’évacuer les plaquettes du chantier, de les stocker et de les charger dans le camion », explique Florent Villepellé, responsable filière bois énergie au sein de la structure. En 2023, la Scic a commercialisé 18 500 tonnes de bois dont près de 70% de provenance bocagère.

Ici l’exploitant a demandé de disposer les coupes de manière à faire du bois de chauffage. Dans le cas d’un broyage, les branches sont disposées en tas pour être plus facilement reprises. © TD

Le retour en grâce des mares

Si les plantations de haies sur le bassin du SMBAA se font déjà depuis plusieurs années, la réhabilitation de mares a été réalisée pour la première fois en 2023. « Ce sont des actions qui se font déjà sur d’autres territoires. Nous avons déjà mené 100 projets de remise en état en Anjou », indique Laurent Tertrais, chargé de mission pour l’entreprise Eden 49, second maître d’œuvre du syndicat mixte de bassin pour ce type d’action.

"Il y a 50 ans, la tendance était de mettre des drains partout"

Comme sa consœur de la chambre d’agriculture, il rappelle l’importance de ces infrastructures écologiques dans la gestion de l’eau. « Il y a 50 ans, la tendance était de mettre des drains partout. Aujourd’hui, nous voulons garder chaque petites gouttes d’eau dans la parcelle. Pour cela, il faut des ralentisseurs et les mares en font partie », explique-t-il. Il met également en avant le rôle de zone tampon des mares qui permettent de dégrader, grâce à la végétation qui y pousse, une partie de la matière organique et des produits phytopharmaceutiques qui pourraient y ruisseler.

Des réhabilitations plutôt que des créations

Les actions d’Eden 49 se concentrent plutôt sur la réhabilitation d’anciennes mares que sur la création de nouvelles. « Une création de mare peut se faire de manière très occasionnelle pour compléter un maillage. La qualité de ce type d’infrastructure ne dépend pas de sa taille mais de son positionnement », précise-t-il.

"Sans entretien, les mares se ferment en 15 ans"

« Il faut se rappeler qu’en 100 ans, nous avons perdu 80% de nos mares. Aujourd’hui, il n’en reste que 30 000, d’une surface moyenne de 430m² », chiffre Laurent Tertrais. Il rappelle l’importance de ces infrastructures réalisées par l’homme. « Les mares n’existent pas à l’état naturel. Elles ont toutes été créées pour abreuver le bétail, pour le rouissage du lin, pour extraire du sable ou de la pierre, etc. Sans entretien, elles se ferment en 15 ans », assure-t-il.

La réhabilitation d’une mare sur le territoire du SMBAA est prise en charge à 100%, avec un plafond de 3000€. « Il faut d’abord abattre les saules et autres espèces qui auraient refermé la mare, puis débroussailler et enfin curer. L’idée n’est pas de creuser mais d’aller chercher le vieux fond et le vieux bord », décrit-t-il. L’opération a pour but de créer des pentes les plus douces possibles afin de favoriser la biodiversité, mais également de créer un accès permettant à l’agriculteur de réaliser l’entretien de la mare avec du matériel porté. « C’est un vrai sujet. Nous savons que si l’entretien est trop complexe, il ne sera pas réalisé et la mare se referma », souligne-t-il.