Salariés agricoles : une seule et même convention

Au terme de trois ans de négociations, FNSEA et partenaires sociaux ont acté une convention nationale unique.

Après plus de trois années d’intenses négociations, les partenaires sociaux agricoles salariés et patronaux(1) ont trouvé il y a quelques semaines un accord sur la mise en place d’une convention collective nationale couvrant l’ensemble des entreprises et des salariés de la production agricole et des Cuma en France (soit près d’un million de salariés, hors EDT).
Un accord qui, pour Jean-Marc Crespin, nouveau responsable de la section emploi de la FDSEA du Cantal, résonne comme une grande avancée syndicale.
“L’idée était de regrouper en une seule convention pas moins de 140 conventions collectives qui prévalaient pour les salariés de la production agricole”, indique l’éleveur de Faverolles, faisant valoir la complexité du dossier mais aussi le risque de l’immobilisme. En cas d’échec des négociations, “ on risquait de passer sous tutelle du gouvernement”.
Les salariés les plus compétents valorisés
Si cette convention ne marque pas la fin des négociations paritaires territoriales ni de filières, elle promeut une nouvelle approche en termes de classification des emplois, basée sur les compétences, afin de favoriser l’évolution professionnelle des salariés. Elle établit également une grille nationale fixant les salaires minima. “Concrètement, cela va apporter un plus aux salariés les plus compétents, sachant que la rémunération sera aussi fonction de la fiche de poste qui prend en compte cinq critères : la technicité du salarié, son autonomie, son degré de responsabilités, les aspects management et relationnel”, précise Jean-Marc Crespin.
Sa mise en œuvre intervenant à compter du 1er janvier 2021, chaque employeur va devoir repositionner son ou ses salariés sur la base de cette nouvelle convention. Une procédure que la FDSEA a entrepris d’accompagner en proposant des formations aux employeurs, ainsi que des prestations individuelles ou en groupe. Mais Jean-Marc Crespin se veut rassurant : “Ça ne va pas alourdir le coût salarial pour l’employeur dans une grande majorité de cas et ça peut en revanche rendre plus attractif le métier de salarié agricole.” L’agriculture en a bien besoin, tous les secteurs et régions, faisant le constat d’une pénurie persistante de candidats. Et 2020 n’a pas permis à la section emploi de la FDSEA et ses partenaires (Pôle emploi...) de déployer les actions de promotion programmées. Des opérations qu’elle espère pouvoir conduire en 2021.
Par ailleurs, convaincue des atouts de l’apprentissage, “pour permettre au territoire d’assurer une partie de son renouvellement et de satisfaire ses besoins en main d’œuvre”, la section de la FDSEA encourage les exploitants à embaucher des jeunes en apprentissage en profitant de l’aide exceptionnelle allouée par les pouvoirs publics
qui allège le coût de l’apprenti la première année.
Formation “expert traite”
En lien avec la section laitière, le section emploi planche en outre le projet de formation “expert traite”. “L’idée, c’est d’avoir des salariés spécialisés sur la traite, un besoin qui a été exprimé suite au questionnaire adressé aux producteurs laitiers dans le cadre d’un stage encadré par Cantal conseil élevage”, retrace Jean-Marc Crespin. D’ores et déjà, sept salariés d’AgriEmploi et du Service de remplacement seraient intéressés pour suivre cette formation à l’agrément et au financement de laquelle la FDSEA travaille. Reste aussi à confirmer et quantifier la demande de la part des producteurs qui s’étaient manifestés, il y a un an, dans le cadre de cette enquête. “Une fois toutes ces étapes franchies, on fera la formation et on essaiera de faire un test sur un secteur”, complète le responsable FDSEA.

(1) FGA-CFDT, FNAF-CGT, FGTA-FO, CFTC- Agri, SNCEA/CFE-CGC et FNSEA et FNCuma.