Sauvegarde d’un abattoir de volailles bio

Récemment racheté par Julien Rieuf, l’abattoir est l’un des rares outils du secteur à proposer ses services aux particuliers et petits éleveurs qui, bien souvent, n’ont pas les moyens d’investir dans une tuerie individuelle.

Jeudi 23 mars 2023, la Chambre d’agriculture 63 et Bio 63 organisaient une visite à l’abattoir de volailles SAS Julien Rieuf, anciennement Maison Pouzadoux, à Monteignet-sur-L’Andelot (03).

Par ailleurs, « construire un abattoir complet aujourd’hui serait très onéreux » souligne le nouveau propriétaire. « Il y a eu beaucoup d’installations en volailles ces dernières années » explique Solenn Brioude, animatrice à Bio 63, « ces outils collectifs sont indispensables pour maintenir la production de volailles en circuit court », tant d’un point de vue financier qu’humain.

Sauvé par une association

Depuis plus de 40 ans, la Maison Pouzadoux proposait la prestation d’abattage de volailles pour les particuliers et petits éleveurs de l’Allier, du Puy-de-Dôme et de la Creuse. En 2017, l’heure de la retraite sonne pour les Pouzadoux, mais ils ne parviennent pas à trouver repreneur. L’Association d’Abattage des Volailles Fermières d’Auvergne (AAVFA) est alors fondée pour conserver l’outil. « Les autres débouchés d’abattage étant saturés dans le secteur, la conservation de l’établissement était vitale pour nous » explique Julien Rieuf, président de l’association.

Aujourd’hui encore, la famille Pouzadoux revient régulièrement dans les locaux pour la transformation et l’emballage de leurs produits. « Cette cohabitation est un vrai plus car elle nous permet d’échanger et d’apprendre de leurs expériences et précieux savoir-faire » rapporte le nouveau propriétaire.

Fonctionnement collectif

Depuis la réappropriation de l’outil par les éleveurs de l’AAVFA, plusieurs améliorations ont été apportées à la chaîne d’abattage pour réduire le stress des animaux et améliorer le confort des ouvriers. Cela commence dès la suspension des volailles (par les pattes) avec l’ajout d’une plaque antistress fixée à la hauteur de leur ventre : « le frottement les apaise » explique Julien Rieuf. Étourdies par électronarcose, l’intensité de la décharge électrique est réglée en fonction du gabarit des volailles. Dans le cas où un animal serait encore conscient après cette étape, un assomoir à électronarcose de secours permet aux ouvriers de l’étourdir pour de bon. La saignée se fait ensuite manuellement. Une fois abattues, les volailles passent dans deux plumeuses, « les palmipèdes sont finis d’être plumés à la main » précise Julien Rieuf. L’AAVFA a récemment investi dans une effileuse par aspiration (coupe-cloaque aspirateur de boyaux) : « lorsque nous effilions les volailles à la main, il était compliqué de suivre le rythme de la chaîne pour les éleveurs qui n’avaient pas beaucoup d’expérience ! ». Le jabot, le cœur et le foie sont ensuite séparés à la main, les poumons aspirés puis les carcasses contrôlées. Enfin, la tête, le bout des ailes et les pattes sont coupés, la carcasse est bridée (les pattes et les ailes sont maintenues le long du corps à l’aide d’une ficelle), avant d’être placée en chambre froide de ressuage. Une fois que la température de la volaille atteint entre 0 et 4°C, elle est envoyée directement à l’emballage ou en salle de découpe. « La salle de découpe est accessible aux éleveurs membres de l’association » indique Julien Rieuf. L’outil permet d’abattre jusqu’à 300 poulets/h.

À raison de 1 000 volailles/semaine en moyenne, il faut environ 4h à la chaîne pour abattre la totalité des lots, et une après-midi pour la découpe, l’emballage et la désinfection de l’atelier. Dernière étape : le stockage des lots préparés sur le quai d’expédition, en chambre froide. « Pour le moment, l’atelier ne fonctionne que le mardi. Nous sommes néanmoins prêts à évoluer selon la demande », précise Julien Rieuf.