Si j’ai investi dans ces outils c'est pour m’en servir !

Depuis 2019, Laurent Cordaillat utilise très régulièrement sa herse étrille et sa houe rotative. Des outils lui permettant de gérer sa pression adventice tout en contrôlant au mieux ses interventions chimiques.

Sur le secteur d’Avail et d’Issoudun, Laurent Cordaillat emploie dès que possible sa herse étrille à l’aveugle en prélevée, que ce soit sur ses parcelles ou sur celles qu’il travaille à façon, en bio comme en conventionnel. « Je me sers de ma herse étrille sur un peu toutes les cultures, si le créneau météo est favorable : lentille à l’aveugle en prélevée, dans les pois en pré et post-levée, dans les tournesols en prélevée, dans les céréales en pré et post-levée. Je n’ai jamais essayé dans les colzas, c’est peut-être un tort », énumère -t-il.

Outre l’action de désherbage, la herse étrille permet de rappuyer des semis lors du passage à l’aveugle. De plus avec son effet vibratoire, elle affine la terre et nivelle quelque peu le sol.

"Je n’ai jamais regretter de l’avoir passée après un semis, affirme le céréalier."

S’ADAPTER AU CONTEXTE CLIMATIQUE

Sur ses argilo-calcaires superficiels et profonds, ou encore sur ses sols à cailloux, la herse étrille qu’il a choisie en 2019, passe partout. Mais pour cela, il faut que la météo soit de la partie. « Dans les terres fragiles si l’on gratte un peu, il faut que la terre puisse séchée au moins 48 h après le passage de l’outil et favoriser le développement de la culture. Avec la herse étrille, il y a la théorie qui dit que l’on doit intervenir dès les 60 ° jours cumulés après le semis, et la pratique très dépendante de la climatologie et de l’envie d’aller passer un coup de herse, alors que l’on est en plein semis d’une autre culture », insiste-t-il.  

ALLIER DÉSHERBAGE MÉCANIQUE ET CHIMIQUE

Selon lui, le mieux est de faire un semis, au stade des 60 ° jours de passer à l’aveugle avec la herse étrille, un passage de désherbage chimique et un second désherbage mécanique au stade 3 feuilles avec une herse étrille ou une houe rotative. A titre d’exemple, « en 2022, j’ai semé des blés au 12 octobre, je n’ai jamais pu faire de passage de herse étrille car tout avait levé en quatre jours. Alors que sur les semis du 25 octobre, j’ai pu réaliser un passage à l’aveugle, mais pas au stade 3 feuilles car les conditions météo ne s’y prêtaient pas ».

« Dans ces cas-là, il faut y retourner ou opter pour un traitement phytosanitaire », avise le cultivateur. En conventionnel, le désherbage mécanique est un des leviers possibles pour limiter les passages en traitements chimiques, et « donc d’ajuster la juste dose lors des interventions, même si les solutions phytosanitaires ne sont plus très efficaces selon les adventices, comme les graminées, notamment le vulpin », concède-t-il.

En bio, il intervient avec une herse étrille et une houe rotative, acquises d’occasion il y a un peu plus de deux ans. L’alternance entre les deux outils est toujours plus ou moins la même : herse étrille à l’aveugle en prélevée avec des débits de chantier avoisinant les 10 ha/h et selon les cas de figure, en post-levée sur des céréales, au stade 3 feuilles. « Et cette opération est délicate. Les débits de chantier sont relativement lents car la herse risque d’arracher la culture. En revanche, en post-levée, la houe rotative peut être employée dès le stade 1 feuille et impacte déjà la croissance des adventices », explique-t-il.

UN INVESTISSEMENT ASSUMÉ

Le céréalier de Champagne berrichonne n’est pas un novice en matière de désherbage mécanique, il a eu le déclic il y a des années. Il a pu « utiliser ces outils grâce à des collègues et de la famille en bio qui avaient franchi le pas au début des années 2000 », se souvient-il. Dans son optique de gestion des traitements phytosanitaires et travail à façon, il a décidé d’investir 10 000 euros dans un outil qui ne reste pas remisé sous le hangar. « J’ai investi dans ces outils pour m’en servir ! », assure Laurent Cordaillat.