Le désherbage mécanique constitue un élément primordial - Herse étrille, bineuse et houe : de précieuses alliées

“En agriculture bio, c’est vrai que le désherbage mécanique est un élément essentiel. Il peut marcher comme il peut rater ! Cela demande de la technique, de la précision et à être fait dans des conditions météo optimales », résume François-Xavier Van Landeghem, en polyculture-élevage et légume de plein champ bio depuis 2015. Il cherche à améliorer son système en sachant que les années se suivent et ne se ressemblent pas.

DIVERSIFIER  POUR PLUS DE RÉSILIENCE

L’idée de convertir son exploitation en bio date d’une vingtaine d’années. Dans des sols très diversifiés, qui vont de l’argilo-calcaire superficiel à de l’argile lourde drainée, l’agriculteur souhaitait, dans un premier temps, proscrire les produits phytos pour ensuite régler les problèmes de résistances aux herbicides dans ses céréales.

Progressivement, il a alors réduit l’utilisation des produits phytos, a allongé ses rotations notamment avec beaucoup de protéagineux, a introduit des moutons, des prairies et depuis peu des légumes de plein champ et un atelier de poules pondeuses.

"« Je souhaitais être cohérent, diversifier au maximum pour réduire mes achats à l’extérieur et être en autoconsommation, d’un côté pour nourrir mes animaux et de l’autre, pour remettre dans le circuit les effluents d’élevage »"

L’agriculture bio était pour lui une évidence même s’il savait qu’il serait confronté à un problème de taille : les adventices. Il apporte donc une attention particulière au désherbage mécanique. Avec le labour, il n’a plus connu de problèmes de ray-grass ou de géraniums, mais avec le passage en bio François-Xavier Van Landeghem a dû faire face à une progression des chardons, de la matricaire et de la folle avoine dans ses céréales et protéagineux. « trois mauvaises herbes et trois problèmes », convient-il.

INTERVENIR AU BON MOMENT

Ses céréales d’hiver sont implantées de début à mi-novembre, à 4 cm de profondeur avec un inter-rang de 30 cm. En 2015, il a débuté ses travaux de désherbage avec la herse étrille. « Une fois que les semis sont faits, il faut passer la herse étrille dans les trois jours ou attendre le stade 3 feuilles pointantes. Or à l’automne les conditions ne sont pas toujours favorables, ce qui m’oblige à repasser plusieurs fois au printemps et sans résultats vraiment significatifs », indique l’agriculteur.

En effet, la herse étrille gratte mais n’a aucun effet sur les chardons et la folle avoine. En 2017, il a testé la bineuse. « Je bine l’inter-rang en mars quand le chardon est à 7 cm, à 8 km/h, ça permet de le couper et de retarder sa croissance. La bineuse est par contre très efficace sur la matricaire », avance François-Xavier Van Landeghem qui constate que l’inter-rang est nettoyé, mais que le rang n’était pas propre. En 2020, il a donc acheté une houe rotative pour remédier au désherbage du rang dès l’automne puis au printemps.

"« C’est la vitesse, entre 12 et 30 km/h, qui permet à l’outil d’être efficace. Les cuillères cassent la croûte de battance en la projetant, piochent à 5 cm les mauvaises herbes et cassent les racines. Ça fonctionne bien pour la matricaire et la folle avoine ; pour le chardon c’est encore un peu compliqué »,"

Il passe la houe une première fois fin décembre ou début janvier, même en conditions humides, quand les céréales sont bien enracinées au stade 3 feuilles. Au printemps la houe est efficace quand les pois sont entre une feuille et 2 feuilles et jusqu’au stade 7 feuilles pour le maïs. Sur ses légumes de plein champ, elle peut être utilisée trois fois au printemps. Enfin, le travail de l’écimeuse est complémentaire et quasi indispensable pour les chardons au printemps. Elle est utilisée pour les cultures basses. « Les lames, d’1 m, de l’écimeuse sont efficaces en mai pour couper les boutons du chardon », note François-Xavier Van Landeghem.

TRAVAIL DÉLICAT  EN TERRES HÉTÉROGÈNES

Cette stratégie de désherbage post-levée s’inscrit bien évidemment en complément de celle mise en œuvre en pré-semis. Dès la moisson engrangée.

"« Je peux déchaumer trois fois dans l’été pour réduire l’installation du chardon ou de la matricaire »"

 Les faux-semis pratiqués sont détruits par un labour. Enfin, l’agriculteur a allongé ses rotations en introduisant de nouvelles cultures (sept à huit différentes) pour réduire les adventices.

Cette stratégie a un coût. Au-delà de ce que représente l’investissement en équipements, la multiplication des interventions est synonyme d’importante consommation de carburant dont le prix a grimpé en flèche depuis 2021.

Par ailleurs, l’agriculteur souligne aussi que les différents passages d’outils sont plus compliqués dans les parcelles hétérogènes. Cela requiert de réajuster les réglages, voire de changer d’outil. Il note aussi que la houe est efficace dans un champ sans cailloux.

Enfin, la fenêtre est parfois très juste entre la récolte de tournesol et le semis de céréales d’hiver pour nettoyer une parcelles trop infestée d’adventices. Des inconvénients contrebalancés par l’avantage de s’affranchir totalement du recours aux produits phytosanitaires.