Tempête Ciaran : « L’Etat sera présent aux côtés des agriculteurs touchés »

Des serres et des bâtiments endommagés, des éleveurs privés d'eau pour faire boire les animaux, des exploitations sans électricité : la tempête Ciaran a fait de gros dégâts chez les agriculteurs qui craignent des semaines, voire des mois d'efforts pour s'en remettre.

"Plusieurs centaines d'agriculteurs sont touchés dans l'ouest de la France", a indiqué le ministère de l'Agriculture à l'AFP, avec "des dommages par endroit importants dans le secteur du maraîchage et de l'horticulture sur les serres, les cultures de certains légumes de plein champ comme les choux-fleurs ou les poireaux". La tempête Ciaran a frappé de plein fouet la Bretagne, première région agricole française, où la production de légumes occupe une place importante. Les serres des maraîchers n'ont pas toujours tenu face aux vents record qui ont balayé la région dans la nuit de mercredi 1er à jeudi 2 novembre.

Jonathan Chabert, maraîcher bio implanté à Plédéliac (Côtes-d'Armor) et adhérent à la Confédération paysanne, tente de recenser les dégâts. S'il est trop tôt pour avoir une vue d'ensemble, "on estime à 30 hectares les serres écrasées", principalement en Bretagne, avec des bâches déchirées ou du métal plié par le vent, décrit-il. La tempête a frappé à la période où "les serres sont quasi-pleines", avec la fin des légumes d'été et la mise en place des productions pour la saison suivante, explique le maraîcher. Les conséquences sont immédiates, mais l'impact va encore se faire sentir "sur six mois, un an, un an et demi", s'inquiète Jonathan Chabert, le temps de déblayer, "de recevoir les nouvelles serres, de les monter". "Une partie des légumes primeurs, qu'on apprécie au printemps ne seront pas là", craint-il.

Lait jeté

En Bretagne comme en Normandie, des éleveurs souffrent du manque d'électricité et d'eau. Jean-Marc Thomas, installé à Rostrenen (Côtes-d'Armor) avec 80 vaches à viande, découvre "à tout moment l'ampleur des dégâts" sur son exploitation de 50 hectares et estime qu'il faudra deux mois pour déblayer les arbres cassés ou déracinés. "Le bocage a énormément souffert de cette tempête", constate l'éleveur, adhérent à la Confédération paysanne, qui s'inquiète de la multiplication des catastrophes liées au changement climatique et d'une "double peine" pour les agriculteurs ayant conservé des haies.

Jean-Michel Hamel, qui possède 110 vaches laitières à Montsenelle (Manche), a retrouvé l'électricité et l'eau du réseau samedi 4 novembre. Mais ce n'est pas le cas de toutes les exploitations agricoles dans le département, s'inquiète le président de la FDSEA, quand une vache boit au bas mot une cinquantaine de litres par jour. Les agriculteurs s'appuient sur des forages et la solidarité entre voisins pour se fournir en eau mais "certains sont au bout du rouleau", constate-t-il. "La situation s'améliore mais pour ceux chez qui ça dure depuis quatre jours, ça devient critique", avertit Jean-Michel Hamel. Les agriculteurs privés d'électricité se prêtent des génératrices. "Certains traient pour soulager les vaches mais le lait va dans les fosses à lisier", faute de pouvoir le conserver au frais, indique encore l'éleveur.

Calamité agricole

"On enchaîne les tempêtes, avec beaucoup de pluie, ça ne facilite pas le travail de remise en état", se désolait samedi le secrétaire général de la FNSEA, Hervé Lapie, sur France Info, alors que la tempête Domingos a succédé à Ciaran. Des cultures ont été "endommagées" par les rafales de vent et "des semis sont aussi perturbés" par les fortes pluies, a fait savoir l'agriculteur.

Emmanuel Macron a promis d'activer les régimes de catastrophe naturelle et de "calamité agricole pour ceux qui y ont droit" et de "mettre à contribution" les assureurs. Le ministère de l'Agriculture a précisé que les services départementaux de l'Etat allaient "enclencher toutes les procédures de reconnaissance en calamités agricoles pour les pertes de fonds, et d'indemnité de solidarité nationale pour les pertes de récolte". Les pertes de récolte seront couvertes "y compris pour les agriculteurs non assurés, via l'indemnité de solidarité nationale (ISN) en cas de pertes catastrophiques". "L'urgence est à la relance de la production pour chaque agriculteur touché", souligne le ministère