La grêle ravive les clivages sur la réforme de l’assurance récoltes

L’épisode de grêle intense du week-end dernier a dévasté de nombreuses parcelles et installations agricoles. Le gouvernement a annoncé des mesures, insuffisantes aux yeux des syndicats, qui ont réaffirmé leurs positions sur la réforme de l’assurance récoltes.

Après le gel d’avril et la sécheresse de mai, l’épisode de grêle survenu début juin vient impacter de nouveau lourdement les exploitations agricoles françaises. Selon l’observatoire français des orages, le 4 juin a été la journée la plus orageuse depuis plus de trois ans, avec des grêlons atteignant par endroit 7 à 8 centimètres de diamètre. Des dégâts très importants ont été constatés dans plus de 40 départements sur les vignes, les cultures et les bâtiments. Le gouvernement a dans la foulée annoncé une série de mesures comme l'allègement des charges sociales, la défiscalisation sur la taxe sur le foncier non bâti ainsi que l’étalement du remboursement des prêts garantis par l’État (PGE). Le ministre de l’Agriculture Marc Fesneau s’est rendu sur plusieurs exploitations touchées par la grêle en Gironde, dans le Gers et dans les Yvelines.

« Alors que les cultures de céréales arrivaient à maturité, les pertes dues à la grêle seront considérables dans les exploitations frappées. Les dégâts sont également particulièrement inquiétants dans des exploitations viticoles et arboricoles de nombreux bassins de production », s’est émue la FNSEA dans un communiqué. Pour le syndicat majoritaire, « cet épisode rappelle l'importance de mener à bien à la réforme de la gestion des risques dont les textes d'application sont encore en cours de préparation. Sa mise en œuvre au 1er janvier 2023 est un impératif ».

"Des mesurettes"

Les autres syndicats, qui ont également réagit par voie de communiqué, ne sont pas du tout du même avis. Pour le Modef, les « mesurettes » annoncées par le gouvernement sont « insuffisantes ». Il appelle à « une reconnaissance en catastrophe naturelle avec l’activation du Fonds National de Gestion des Risques en Agriculture (FNGRA) », et demande « le changement d’attribution des critères du FNGRA car de nombreux agriculteurs sont exclus des mesures ». Le Modef rappelle qu’il « se bat depuis plusieurs années pour la mise en place d’un système basé en priorité sur la solidarité » et demande « la création d’un régime mutuel d’assurance aléas climatiques et sanitaires prenant en compte l’ensemble des acteurs économiques, encadré par l’État ».

Même son de cloche du côté de la Confédération paysanne, opposée à la proposition de réforme de l’assurance récolte du gouvernement. Et de lister les écueils de cette réforme : « insuffisance du financement du dispositif, flambée des tarifs assurantiels face à la multiplication des aléas climatiques, incapacité financière des fermes pluri-sinistrées à payer une cotisation d’assurance, absence d’offre assurantielle dans plusieurs secteurs, inadaptation de la base de calcul des indemnisations (moyenne des rendements des 5 dernières années) ».

« Plus que jamais, l’enchaînement des catastrophes climatiques montre que cette réforme doit être abrogée et remplacée par un fonds mutuel et solidaire, plus juste et plus efficace, financé par l’État, la profession agricole et aussi par les entreprises tirant un bénéfice économique direct du maintien de l’agriculture, c’est-à-dire les industries d’amont (intrant, machinisme...) et d’aval (agro-alimentaire) », estime la Conf’.

La Coordination rurale a également réaffirmé sa « ferme opposition à cette privatisation forcée des risques face aux calamités agricoles ».

La loi sur la réforme de l’assurance récoltes, qui a été votée, doit s’appliquer à partir du 1er janvier 2023. Elle vise à encourager les agriculteurs à s'assurer davantage.