Transmission : on lui disait que sa ferme bio dans la Creuse était trop grande

Christophe est agriculteur, il arrivait à l’âge de la retraite. Il avait une magnifique ferme BIO de 190 hectares dans la Creuse qu'il souhaitait transmettre. Il se préparait à passer le flambeau, il cherchait des repreneurs, mais on lui disait que sa ferme était trop grande, qu’il fallait trop de capitaux et qu’il ne trouverait personne pour reprendre, sauf des agro-industriels étrangers. Heureusement, il a pu transmettre à Lucas et Jean-Baptiste. Voici son histoire

Comment s’est passé votre projet de transmission ?

On a cherché un certain temps, car il y a eu des mauvais facteurs, notamment la Covid et puis notre ferme faisait 390 hectares, elle était considérée comme une grosse exploitation à l’échelle française. On nous disait que l'on ne trouverait jamais personne parce qu'il fallait trop de capitaux. On s’était dirigé vers une clientèle étrangère, on avait des Anglais, des Irlandais, des Hollandais, des Sud-Africains.

On allait installer dans une ferme BIO, où l'on a étudié la biodiversité, où l'on avait fait un travail pour avoir une agriculture acceptable pour la planète, des gens qui s’en fichaient. C’était devenu une opération strictement financière et nous, on ne s’y retrouvait pas. J’avais l’impression que c’était du gaspillage, d’un outil qui tournait correctement, ça allait finir “en beurre de chèvre” comme on dit dans les campagnes… C’est-à-dire que ça ne fait rien.

FEVE est intervenu pour proposer une alternative à ces solutions qui ne me convenaient pas. Grâce à plusieurs acteurs, on a pu installer Lucas et Jean-Baptiste. Ils sont arrivés à vélo, je trouvais ça curieux. Entre eux qui arrivent à vélo pour visiter la ferme et le Sud-Africain qui me dit, j'ai 30 000 hectares, je désire venir vivre en Europe, c’était le grand écart.

Comment se déroule la transmission avec Lucas et Jean-Baptiste ?

J’ai tenu à laisser une exploitation entretenue et sur les rails, ils arrivent avec une récolte de colza superbe et une bonne récolte de blé. Ils vont quand même avoir une année très dure, d’un seul coup, ils sont aux manettes et il faut ingurgiter beaucoup d’informations. Il y a l’abreuvoir qui fuit, le filtre à gazole qui est bouché, il faut gérer les salariés, les clients, il faut faire 36 choses à la fois et ce n’est pas simple. Nous, notre plaisir, c’est de les voir réussir, on a envie de les accompagner, donc, quand ils ont besoin de moi, ils m’appellent. Je ne veux pas m’imposer, je ne monte pas si on ne m’appelle pas. Je ne veux pas être le vieux con qui apparaît pour critiquer, je veux y aller pour rendre service. Ils vont mettre leur vision et leurs envies sur cette ferme et c’est tant mieux.

Pour vous, c'est une transmission réussie ?

Dans cette transmission, tout le monde a mis du sien, on a fait des concessions, il y a eu des compromis, mais c’est pour ça que ça a réussi, oui ! La SAFER a fait un effort par le portage, le Crédit Agricole a soutenu également ces deux jeunes et avec le financement de FEVE pour le foncier, on a permis l’installation de deux jeunes qui, sans tous ces acteurs réunis, n’auraient jamais pu s’installer. De mon côté, j’ai pu transmettre à un projet qui me convenait beaucoup plus. On a installé des gens et on a installé de la matière grise. Le monde paysan a besoin de ces jeunes qui savent réfléchir, communiquer et avoir une nouvelle vision de l’agriculture.

 

Bon à savoir 

FEVE facilite la transmission des fermes à de jeunes agriculteurs et agricultrices. Si vous souhaitez trouver un repreneur ou aider votre repreneur à financer son projet de reprise, nous pouvons vous aider.

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