« Un grand merci »

Laurent Dutertre, agriculteur dans le Perche, a développé une forme grave de la Covid-19 en février 2021. Après une période de coma artificiel de 34 jours, il essuie les conséquences de l’alitement prolongé, qui l’empêchent de marcher.  Aujourd’hui, il tient à remercier tous ceux qui l’ont aidé.

« En 31 ans je n’avais jamais été arrêté », sourit Laurent Dutertre. Cet agriculteur du Perche exploitait avec sa femme les 125 ha de SAU et trayait les 50 vaches sans problème de santé. Jusqu’au 14 février 2021, où son dépistage de la Saint Valentin le révèle positif à la Covid-19. « Mal foutu, de la température, un peu comme une gastro », révèle-t-il.
Son médecin lui prescrit un traitement pour quelques jours. Jusqu’ici, rien de grave. Tout change lorsqu’un soir, il se met à cracher du sang. Appel du 15 : direction l’hôpital de L’Aigle (61) où on lui explique que 60% de ses poumons ne fonctionnent plus. Son état se détériore et les médecins le placent sous assistance respiratoire, en coma artificiel. Laurent Dutertre restera 34 jours branché au tuyau du respirateur.
Au réveil, shooté, il ne peut ni bouger, ni parler. Commence alors la lente rééducation : « à 53 ans, quand il faut tout réapprendre, ça fait drôle. Mais j’ai eu de la chance j’avais encore toute ma tête… enfin presque. On m’a demandé le nom du président, j’ai répondu Mitterrand ». L’alitement prolongé ayant endommagé le nerf de sa jambe, il a dû subir une opération : 40 points de suture.
Aujourd’hui, le marathon médical n’est pas encore terminé pour Laurent Dutertre qui n’a toujours pas retrouvé le contrôle de son pied droit. « Ça peut durer de 6 à 24 mois, après cela, si cela perdure, ça ne reviendra pas », s’inquiète-t-il.

Pendant ce temps

A la ferme, les vaches n’ont pas arrêté de donner du lait, ni les cultures de repartir avec le printemps. Après son alitement, sa femme, Isabelle Dutertre a vite organisé une réunion de crise. Une dizaine d’agriculteurs du coin ont répondu présent pour aider le couple dans la période difficile qu’il rencontrait. Petit à petit, l’aide s’est mise en place. Son conseiller culture l’a organisée grâce à un planning sur tableur. Des membres de la famille sont venus faire des clôtures, préparer le bois. Les collègues agriculteurs ont enrubanné. Sa femme a paillé, a curé, a fait la traite. Aujourd’hui, le fils de Laurent Dutertre, revenu du lycée agricole de Sées, a plus de temps pour aider ses parents. Le « miraculé » est revenu dans sa ferme mais ne peut pas travailler à cause de son pied et de la fatigue persistante. Et l’été ? Il compte vendre sa moissonneuse-batteuse et faire réaliser la récolte. Son fils et son voisin presseront. L’éleveur, plus inquiet que le cultivateur, pense surtout à l’hiver prochain, quand les animaux seront rentrés. « Si mon pied n’est pas remis, ça sera compliqué… ». A tous les amis, proches et membres de la famille qui les ont aidés, ainsi qu’au personnel soignant des hôpitaux, Isabelle et Laurent Dutertre, touchés par l’élan de solidarité et la qualité des soins, déclarent aujourd’hui « un grand merci ».