Une carotte piège contre les nématodes apporte de l’espoir

L’actualité ne manque pas pour les légumiers de la Manche. Jean-Luc Leblond, président de la section de la FDSEA, fait le point sur les conditions météo ayant des incidences sur les cultures, la solution de Vilmorin pour lutter contre le nématode sur les carottes et enfin le plan d’aides tant attendu par les producteurs.

Après 20 ans de recherche, la société semencière Vilmorin-Mikado commercialise dès cette année Terapur, la première alternative agroécologique de lutte contre le nématode à kystes de la carotte. « C’est enfin un espoir pour les producteurs de carottes », lâche Jean-Luc Leblond. En effet, cette variété fonctionne comme une culture piège. Elle permet d’assainir le champ en réduisant très fortement la population à kystes dans le sol de l’ordre de 80 %.  Sélectionnée à partir de plus de 3700 carottes, elle ne se consomme pas. Elle doit donc être semée entre deux productions. Sa durée optimale de culture est de trois mois au terme desquels elle doit être détruite mécaniquement avant la mise en place d’une culture commerciale. « C’est vraiment une page qui se tourne pour les producteurs dans les méthodes de production », assure le responsable syndical.

La carotte des sables, un produit phare

La rotation exigée par cette innovation et dans le plan d’aides attendu par les producteurs « va nous permettre de continuer de produire des carottes des sables, attendues par les consommateurs. Les commerciaux en cherchent, ce qui signifie qu’il y a de la demande. Cela nous donne de l’espoir », se réjouit Jean-Luc Leblond. Pour autant, la production, qui devrait avoir lieu tous les 5 ans sur une même parcelle, va conduire à une réduction de la production de près de moitié. « La carotte des sables constitue la colonne vertébrale de la production du département. C’est un produit phare de la Manche », poursuit-il.

Des avancées pour les aides

Face à cette bonne nouvelle, Jean-Luc Leblond reste vigilant et prudent. « On travaille sur du vivant. Face au Terapur, le nématode peut muter », rappelle-t-il. Cette culture piège engendrera des coûts supplémentaires pour les producteurs puisque l’année de la plantation ne permettra pas de commercialiser des cultures. Alors, ils attendent des accompagnements financiers comme le prévoit le plan d’aides dans lequel une trentaine de producteurs est engagée. « Il y a des avancées dans ce plan mais nous ne connaissons pas les montants alors que nous allons être dans la seconde année de plantations de plantes nématicides comme le sorgho. Encore faut-il pouvoir assumer financièrement », se désole le producteur.  
Pour le responsable syndical, le fait de compter d’ores et déjà une trentaine de producteurs démontre « la volonté de pérenniser la production de carottes des sables, de s’engager dans des rotations et de s’adapter à de nouvelles formes de productions », souligne-t-il.

La visite sur le terrain attendue  

La FDSEA avait alerté à plusieurs reprises la DDTM sur les dégâts occasionnés par un excès d’eau sur les productions de carottes et de choux, en particulier sur le Val de Saire, photos à l’appui. Effectivement, la quantité d’eau tombée en octobre et décembre a été deux fois et trois fois supérieure à la quantité « normale ». « Il y a eu entre 200 à 250 mm d’eau en octobre et 300 à 350 mm d’eau en décembre quand il y en a normalement 100 mn. On se retrouve avec une concentration de pluies. Ce qui n’est pas sans incidences sur les cultures », indique Jean-Luc Leblond. Alors, la FDSEA attend la mise en place d’une commission d’enquête et une visite de terrain de l’administration. « Il ne faut pas que cette visite tarde », conclut le responsable syndical.