Une tornade exceptionnelle en Creuse

Le 9 mars, un épisode orageux s'est abattu sur le Limousin, provoquant localement de gros dégâts, particulièrement à Pontarion dont le bourg a été traversé par une tornade. Selon Météo Creuse et Keraunos, observatoire français des orages, cette tornade s'est formée vers 16 h 55 et a parcouru les communes de Pontarion et Thauron sur près de 20 kilomètres entre Masbaraud-Mérignat et Le Donzeil qui ont également été particulièrement touchés. Les dégâts ont été particulièrement visibles dans le bourg de Pontarion, où de nombreuses toitures ont été endommagées et des arbres couchés. Aucun blessé grave n'est à déplorer mais au moins une vache a succombé à la chute d'un arbre.

Le toit d'une ferme arraché par les vents
Ces intempéries ont causé par endroits des dégâts catastrophiques dans les exploitations agricoles. Un des exploitants de la commune de Pontarion se retrouve sans rien : plus de toit sur son habitation, plus de toit sur ses bâtiments ; et d'autres agriculteurs se retrouvent sans toit sur leurs hangars ou avec des parcelles détruites à 100 %.

Grande inquiétude
Par sa violence, l'événement a énormément choqué pendant mais aussi après le passage de ces vents violents. « C'est indescriptible, et même apocalyptique, on a eu très peur » explique une exploitante touchée. En effet, toutes les clôtures de son exploitation se sont envolées, permettant alors aux vaches apeurées de sortir des parcelles. Heureusement, aucune bête n'a été blessée ici mais la violence du vent a décalé la toiture de leur bâtiment. L'expert a d'ailleurs déclaré qu'elle devrait être intégralement changée.
L'inquiétude est de mise pour les exploitants des secteurs dévastés comme Laurent,  agriculteur de Bosmoreau-les-Mines, qui s'inquiète et souhaite que l'État apporte des réponses concrètes et des solutions rapides : « il faut tout remettre en état. Mais qui va payer ? Comment va-t-on faire ? Si nous n'avons pas d'aides financières nous n'y arriverons pas. Il va falloir nous donner des signaux forts pour la reconstruction. Chez moi, toutes les clôtures sont couchées, les haies et les arbres sont à terre. Sans compter les aspects invisibles : les champs sont remplis de déchets divers et variés (morceaux de toiture, de ferraille, déchets ménagers...) et quand on va récolter ces corps étrangers viendront polluer notre production. »
Pour Christian Arvis, président de la FDSEA, des mesures exceptionnelles doivent être mises en place « nous avons déjà fait un courrier au ministre de l'Agriculture pour demander des dérogations aux conditionnalités de la PAC. Devant une telle catastrophe, les agriculteurs concernés subissent. Ils ne pourront pas maintenir leurs engagements et il est impossible de rétablir ce qui existait avant cette tornade dévastatrice ! ».
Le président de la FDSEA s'inquiète également pour les exploitations dont le siège social n'est pas sur les communes potentiellement retenues en catastrophe naturelle : « Il faudra absolument tenir compte des impacts en fonction de l'emplacement des parcelles sinistrées et non en fonction du siège d'exploitation pour que tous les agriculteurs réellement impactés puissent retomber sur leurs pieds. »

Rarissime
Ce type de phénomène est exceptionnel en Limousin et dans le Massif central. Toujours selon Keraunos, il n'en a été recensé que 3 dans le département entre 1680 et 2022 (Dontreix en 1832, Chénérailles en 1993 et Nouziers en 1999), dont une seule « d'intensité significative » (celle de Chénérailles, classé 2/5 sur l'échelle de Fujita). Selon les archives de Keraunos, avec une grosse centaine d'habitations touchées et des vents à 218 km/h, cette tornade pourrait toutefois être la pire qu'ait connu le département, jusqu'à présent les plus gros dégâts avaient été subis à Chénérailles avec une trentaine de toitures envolées.
À titre de comparaison, sur la même période, il y a eu 28 tornades en Charente-Maritime et 49 dans le Nord.