Viande bovine : l'activité d’engraissement en danger

La progression des prix des aliments se poursuit et risque de mettre en danger tout un pan de la filière qui ne parvient pas à faire surface malgré la progression des prix dans la viande.

Depuis le début de la guerre en Ukraine, de nombreuses matières premières ont fortement augmenté. Ces hausses sont dues à une réduction des disponibilités, aux sanctions contre la Russie, mais également à une forte spéculation sur les marchés. Tous les secteurs de l’économie sont touchés par ces hausses, même les produits non concernés par ce conflit.

Dans le domaine de l’élevage, la progression des prix des aliments se poursuit avec toujours un décalage par rapport au marché du grain. Ces hausses sont conséquentes et risquent de mettre en danger tout un pan de la filière, qui, malgré une augmentation constante des prix dans la viande, ne parvient pas à faire surface. Les engraisseurs spécialisés et les éleveurs qui finissent leurs animaux sont les plus fortement touchés, car ce sont de gros consommateurs d’aliments pour la finition des animaux. Sans cette phase importante de finition, la qualité des viandes fournies au consommateur sera impactée et comment justifier à ce moment-là des tarifs élevés sur les étals ?

Les abatteurs observent déjà un repli dans la finition depuis quelques semaines, avec des éleveurs qui cherchent à économiser sur la complémentation de leurs animaux. Dans ce paysage, deux races sont particulièrement touchées par ces hausses. Ce sont les Parthenaises et les Blondes d’Aquitaine, car leur finition est longue pour une qualité de la viande, ce qui nécessite de grandes quantités d’aliments notamment en phase de finition et souvent avec des produits haut de gamme. Ces races, dont les prix à la viande ont très peu évolué, vont être mises en danger, car les équilibres seront de plus en plus difficiles à tenir, pour des prix qui ont très peu de marge de manœuvre dans la viande, au risque de perdre des consommateurs. N’oublions pas que le goût de la viande est sublimé par le gras.

Les autres races vont pouvoir bénéficier ponctuellement d’une herbe abondante après la pluie du week-end dernier, ce qui amoindrit les coûts de production, même si la finition est toujours nécessaire. Mais les prévisions sur la pluviométrie des prochains mois sont préoccupantes. Si une nouvelle sécheresse se profile, les éleveurs n’auront pas les moyens d’acheter des fourrages et une nouvelle décapitalisation serait catastrophique.    

De leur côté, les industriels sont également très inquiets, car si la consommation de viande s’oriente de plus en plus vers le steak haché, les prix à la vente peinent à suivre la forte envolée des prix des laitières. Le prix moyen du steak haché a progressé d’un euro en un an avec une moyenne à 12,12€ (relevée RNM – S16) , ce tarif était à 11,18€ il y a un an, alors que dans le même temps le prix des vaches a progressé de 1,50€ voir plus ces derniers jours. Cette progression du prix de la viande hachée doit se poursuivre, pour permettre un équilibre des ventes avec les pièces nobles à griller qui sont de plus en plus difficiles à vendre, même si une partie des consommateurs reste attachée aux races à viande de qualité. C’est toujours le porte-monnaie qui dirige les achats.

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