Les repères de consommation d’alcool revus à la baisse

Maximum deux verres par jour, et pas tous les jours : tels sont les nouveaux repères de consommation d’alcool, établis par Santé publique France. Précision : ces nouveaux repères ne sont pas sans risque, mais à faible risque.

« Pour votre santé, l'alcool c'est maximum deux verres par jour, et pas tous les jours » : telle est la formule qui résume les nouveaux repères de consommation d'alcool élaborés dans le cadre des travaux d'expertise de Santé publique France et de l'INCa, l'Institut national du cancer. Pour être plus précis, le message intégral de prévention est le suivant : pas plus de 10 verres par semaine et pas plus de 2 verres par jours pour les hommes et les femmes, et des jours dans la semaine sans consommation, soit trois repères. Le « zéro alcool pendant la grossesse » reste bien évidemment de rigueur. Ces nouveaux repères de consommation d'alcool font l'objet  actuellement d'une campagne d'information. « Notre objectif est de permettre aux Français de faire le choix éclairé d'une consommation à moindre risque pour leur santé », explique François Bourdillon, directeur général de l'agence nationale de santé publique, cité dans un communiqué. « Sans nier la dimension ''plaisir'' qui peut être associée à la consommation d'alcool, cela nécessite de faire connaître les risques associés à l'alcool, de diffuser auprès de tous les nouveaux repères de consommation et d'inviter les Français à réfléchir sur leur consommation ».

Des risques dès le premier verre

Pour mémoire, les anciens repères de consommation étaient les suivants : deux verres maximum par jour pour les femmes trois verres maximum par jour pour les hommes, quatre verres maximum en une seule occasion quel que soit le sexe. A titre indicatif, un verre d'alcool équivaut à 10 g d'éthanol pur, soit environ 10 cl de vin à 12°, 2,5 cl de pastis à 45°, 2,5 cl de cognac à 40°, 7 cl d'apéritif à 18°, 25 cl de bière à 5°.

Ces nouveaux repères ont été élaborés en se basant sur les dernières données épidémiologiques et les progrès méthodologiques (travaux de Rehm et Shield) et en intégrant les actualisations récentes d'autres pays. Ils ne distinguent plus les hommes et les femmes. Ils sont aussi plus restrictifs. Autre différence notable : ces nouveaux repères de consommation ne sont pas sans risque - comme l'entendaient les anciens - mais à faible risque. « Le compromis qui avait été trouvé autour de la notion de seuils de consommation sans risque ne peut perdurer au vu de la littérature scientifique », justifie Santé Publique France. « Il faut maintenant parler de repères de consommation à faible risque ».

Parue à l'automne dernier, une synthèse de 87 études internationales sur la période 1990-2016 avait relevé que le risque de développer l'une des 23 pathologies associées à la consommation d'alcool était réel dès le premier verre. Un risque cependant très relatif : à raison d'une unité quotidienne d'alcool, 918 personnes sur 100.000 développeraient chaque année une maladie contre 914 sur 100.000 chez les non-buveurs, soit un écart de 0,5 %.

Consommation stable, mortalité en baisse

Selon santé Publique France, l'agence nationale de santé publique, en 2015, 41.000 décès étaient liés à l'alcool, dont 30 000 décès chez les hommes et 11.000 décès chez les femmes, soit respectivement 11% et 4% de la mortalité́ des adultes de 15 ans et plus. Ceci inclut 16.000 décès par cancers, 9.900 décès par maladies cardiovasculaires, 6.800 par maladies digestives, 5.400 pour une cause externe (accident ou suicide) et plus de 3.000 pour une autre maladie (maladies mentales, troubles du comportement, etc.). La mortalité liée à l'alcool a baissé de 16% entre 2009 et 2015, principalement sous l'effet des progrès de la médecine, la consommation quotidienne d'alcool pur étant passée de 27 g à 26 g sur la période.

1 Français sur 4 dépasse les repères

Ces repères sont d'autant plus attendus qu'ils s'inscrivent dans une tendance à la régulation constatée au sein de la population française, relève l'agence sanitaire. Ainsi, parmi les consommateurs d'alcool, le pourcentage de ceux qui consomment au moins un verre par jour est passé de 24% en 1992 à 10% en 2017. Les Français ont donc déjà amorcé une synthèse raisonnable, conciliant plaisir et consommation à moindre risque. Mais ils sont tout de même 24% à dépasser au moins l'un des trois repères. Les hommes sont davantage concernés par ce dépassement (33%) que les femmes (14%). Les plus jeunes consomment plus intensément que les plus âgés, dont la consommation est plus régulière. Le site alcoometre.fr permet à chacun de se situer par rapport à ces nouveaux repères de consommation.