Vendange 2018 : le monde fait le plein de raisins

Après des vendanges 2017 historiquement basses, la récolte 2018 de raisins a retrouvé un bon niveau en France comme dans les principaux pays producteurs de vin. Une abondance qui devrait permettre de répondre à une demande mondiale en légère croissance mais qui fait craindre une recrudescence de la concurrence et une baisse des prix dans certains bassins viticoles

Après une année 2017 désastreuse, marquée par une chute de la production mondiale de vins - sous l'effet combiné du gel, de la sécheresse et des effets d'El niño - le millésime 2018 s'annonce comme l'un des plus abondants de ce début de siècle. Excepté en Afrique du Sud, Australie et au Portugal, partout la récolte 2018 est abondante d'après les dernières estimations de l'Office International du Vin (OIV). L'Europe, qui produit à elle seule 60 % du vin consommé dans le monde, est la première bénéficiaire de cette belle vendange avec une progression de 19 % des volumes (vs 2017) qui atteignent 168,4 millions d'hectolitres (Mhl). 

Le trio Italie-France-Espagne se maintient toujours sur le podium des trois plus grands producteurs de vin au monde. Avec 48,5 M hl, la récolte italienne progresse de 14 % (vs 2017), alors que celle de la France, malgré les orages de grêle localisés et les attaques virulentes de mildiou, se situe au-dessus de la moyenne de ces 5 dernières années, à 46,5 Mhl, selon l'OIV (+27 % vs 2017). Pour compléter ce podium, l'Espagne, qui possède le plus grand vignoble du monde, talonne la France avec un volume récolté d'environ 41 Mhl.

Derrière ces trois poids lourds, les USA confortent leur place incontournable dans le panorama viticole international avec une production qui a fortement augmenté ces dix dernières années pour se stabiliser autour de 25 Mhl. Même satisfecit pour les vignerons d'Amérique du Sud, dont la vendange, a été généreuse après deux années catastrophiques, notamment en Argentine (14,5 Mhl) et au Chili (12,8 Mhl). La vendange 2019 dans l'hémisphère sud se présente également sous de bons auspices. À noter que la Chine, dont le vignoble - deuxième mondial en surface derrière l'Espagne - ne cesse de progresser, garde une production de vin en dessous de 10 Mhl, l'essentiel des surfaces étant consacré au raisin de table.

Cette récolte devrait être largement suffisante pour reconstituer les stocks de vin, souvent au plus bas, et couvrir les besoins mondiaux tant en vins qu'en produits industriels (brandy, vermouth, vinaigre). Une consommation internationale qui progresse lentement (244 Mhl en 2017), tirée par la soif des Américains et des Chinois qui vient compenser la baisse de la consommation européenne.

Mais dans un environnement de plus en plus concurrentiel, surtout sur les vins rouges, cette hausse globale de la vendange fait craindre une recrudescence des tensions commerciales. Déjà, le marché chinois montre des faiblesses avec une baisse importante de ses importations de vins français sur le début de la campagne 2018/2019. Autre conséquence de cette importante vendange : la faiblesse des transactions dans certains bassins viticoles, notamment le Bordelais, liée à l'attentisme des acheteurs, en attente d'une baisse des prix.

Cet article est extrait de la revue PRISME, l'analyse de la conjoncture et de l'actualité agricole et agroalimentaire. Lire tout le dossier : PRISME n° 23 JANVIER 2019