Vignoble : les 7 pistes pour déjouer le changement climatique

La filière a défini sa stratégie de lutte et d’atténuation, déclinée et 7 chapitres et 40 actions concrètes, pour la plupart « réalisables et à court et moyen terme ».

Avancée de la phénologie et des vendanges, stress hydrique affectant le rendement et la qualité, élévation du degré d’alcool et baisse de l’acidité, modifications sensorielles susceptibles de désorienter les consommateurs : la vigne et le vin constituent deux marqueurs du changement climatique en cours. Plus qu’un marquer, la vigne est aussi une victime. Le millésime 2021, qui sera sans doute le plus faible des 50 dernières années, sous l’effet du gel historique d’avril dernier, va faire date dans pratiquement tous les bassins de production. A moins que les catastrophes ne s’enchainent.

10 ans de travaux

Depuis 2012, date de lancement du projet Laccave, les chercheurs ont exploré et inventorié de nombreux leviers d’adaptation et d’atténuation, avec bien entendu chacun leurs limites techniques, financières ou réglementaires. Parmi ces leviers, on peut citer l’évolution de l’encépagement (variétés anciennes, étrangères ou nouvelles), l’adoption de nouvelles pratiques viticoles (densité, taille, effeuillage, gestion du sol, irrigation), le développement de nouvelles pratiques œnologiques (réduction de la teneur en éthanol, ajustement du pH, sélection de levures), la réorganisation des plantations dans l’espace (réaménager les terroirs, relocaliser les vignes, changer d’altitude, revoir les limites des aires AOP), les évolutions du cadre institutionnel (cahier des charges AOP et IGP).

Tous ces leviers sont aujourd’hui consignés dans une Stratégie nationale, incluant des adaptations spécifiques aux différentes régions. Elle est le fruit d’un travail collectif réunissant l’Institut français de la vigne et du vin, (IFV), l’INRAE, les Comités nationaux AOC et IGP de l’INAO et FranceAgriMer.

La stratégie est déclinée et 7 chapitres et 40 actions concrètes, pour la plupart « réalisables et à court et moyen terme », selon ses promoteurs.

Améliorer la connaissance des zones viticoles

Le changement climatique va redéfinir les combinaisons sols, cépages et climat. La connaissance des sols et climat des zones viticoles permet de piloter les choix techniques des exploitations (matériel végétal, orientation des rangs, mode de conduite...). Tous les sols viticoles ne réagiront pas de la même manière au changement climatique. Un travail de caractérisation de la résistance et la résilience des différents sols avec la recherche d’indicateurs pertinents, semblent nécessaires. Une gestion adaptée des zones viticoles suppose de conduire des travaux pour améliorer la connaissance des zones viticoles, développer la cartographie, favoriser l’accès au foncier.

Agir sur les conditions de production

Le changement climatique devrait se traduire par une augmentation de la demande en eau de l’atmosphère, et par une diminution de l’eau disponible dans le sol pour la vigne, ainsi qu’un cycle hydrologique affecté (les régimes, la fréquence et la durée des précipitations deviendront de plus en plus variables, avec des évènements pluvieux à la fois plus intenses et plus fréquents).

Un des moyens d’action face au changement climatique est donc la mise en place de mesures agissant sur les conditions de production. Les moyens pour agir portent simultanément sur les nécessaires évolutions réglementaires et l’adaptation de mesures agissant sur les conditions de production. Cela doit passer par une meilleure gestion de l’eau en favorisant, notamment dans les territoires viticoles, l’accès à l’eau tout en prévoyant des modes de gestion durables de l’eau, des pratiques culturales permettant de déterminer les meilleurs choix culturaux, la poursuite de la caractérisation des effets du changement climatique sur les conditions de production.

Favoriser un matériel végétal adapté

Le choix du matériel végétal est sans aucun doute le levier le plus puissant pour adapter la vigne à une augmentation des températures et au stress hydrique, ainsi qu’à la production de raisins trop riches en sucre, dus aux effets négatifs du changement climatique.

Agir sur les pratiques œnologiques

Le changement climatique a pour effet d’obtenir des moûts plus riches en sucre et des vins plus alcoolisés. Les pratiques œnologiques peuvent permettre de corriger ces effets, sans remettre en cause la définition du vin en agissant sur la sélection de micro-organismes adaptés, le désucrage des moûts, la diminution de la teneur en alcool et l’acidification des vins.

Évolution des marchés et garantie de production

Au-delà des effets conjoncturels sur les marchés, le changement climatique aura un impact sur la nature des vins commercialisés et sur les habitudes de consommation. Il est donc impératif d’être en capacité d’observer les évolutions des marchés afin de permettre aux acteurs d’anticiper. Le changement climatique a aussi pour conséquence d’accroître la variabilité de la production en quantité comme en qualité, et les coûts de production. Inciter les opérateurs économiques à se prémunir contre les risques climatiques devient une nécessité. Des actions devront être conduites autour de la résilience des opérateurs économiques dans les thèmes suivants : gérer les ressources humaines en lien avec les impacts du changement climatique, développer la couverture des exploitations par une assurance climatique, prévenir les aléas climatiques.

Recherche, développement, transfert, formation

Il est nécessaire de poursuivre les travaux de R&D, notamment en matière économique et de pérenniser le financement de la R&D. Une feuille de route R&D viendra compléter la stratégie d’adaptation de la filière vin face au changement climatique. Cette adaptation de tous doit se faire par le transfert et la formation mais également par le développement de recherches participatives associant un panel d’opérateurs de la filière le plus large possible mais aussi des consommateurs, des citoyens, des acteurs publics et des territoires.

Contribuer à l’atténuation du changement climatique

Contribuer à l’atténuation du changement climatique suppose de réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) engendrées par les activités de la filière vitivinicole mais également d’augmenter la séquestration du carbone dans les sols viticoles pour répondre aux enjeux environnementaux et sociétaux de neutralité.